L’AVIS DU « MONDE » – ON PEUT ÉVITER
C’est l’histoire, dans une ferme, d’un vieux piano qui aime une trompette. Ça nous rappelle vaguement ce coq qui « aimait une pendule » dans la chanson de Claude Nougaro (1929-2004). Ici, c’est le chanteur Didier Barbelivien qui officie dans Finalement, 51e long-métrage de Claude Lelouch, qui laisse plus que perplexe. Sous couvert de comédie musicale (Barbara Pravi y incarne une chanteuse en devenir), le film s’égare dans un mélo plus que passéiste. Plus c’est gros, plus ça passe ? Ou plus ça lasse ? – pour reprendre quelques rimes de la chanson phare du film (« la vie passe », « se lasse », « remplace », etc.).
La pianiste (Françoise Gillard, de la Comédie-Française), Manon, est une jolie fermière en salopette et beaux sabots ; le trompettiste, Lino (Kad Merad), est un avocat à la dérive, qui s’est échappé de sa vie parisienne. Sa femme (Elsa Zylberstein) et ses proches, qui se font un sang d’encre, ont alerté la police.
Un beau matin, Manon découvre Lino endormi dans la fameuse grange. L’homme, qui trimballe une trompette, se dit égaré. A ses heures perdues, Manon joue quelques notes sur le clavier, dans la cuisine… Les deux musiciens amateurs assembleront-ils leurs solos ? Cette rencontre inattendue n’est que le prélude à une suite d’aventures.
Victime de dénonciateurs
Lino souffre d’un étrange mal, nommé dégénérescence fronto-temporale, dont l’un des symptômes est le changement de personnalité. Dans le film, l’avocat, grand bateleur du barreau, n’a plus de filtre, et dit ses quatre vérités à tout le monde. Enfin, il respire !
Car nous y voilà : en France, on ne peut plus rien dire, c’est bien connu. Viendra ensuite la deuxième lame du scénario, le « on ne peut plus rien faire », avec, notamment, une scène de tournage porno, plus beauf tu meurs. Finalement pourrait n’être qu’une énième critique basique du prétendument « politiquement correct », mais il s’enfonce bien davantage et ose quelques parallèles historiques malaisants entre l’époque actuelle et celle des corbeaux de la seconde guerre mondiale.
Temporellement, le film est on ne peut plus contemporain : il s’ouvre en 2024, année du 80e anniversaire du débarquement des Alliés. Mais visiblement, la France compte encore quelques collabos, nous dit Lelouch en sous-texte. Lino, en cavale, va en effet être victime de dénonciateurs, tandis qu’il fait du stop. A un éleveur de brebis, qui veut bien l’embarquer dans sa camionnette, Lino fait croire qu’il est un prêtre défroqué, devenu un obsédé du sexe, sautant sur toutes les pratiquantes de la commune. Et que l’une d’elles l’a accusé de viol.
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