Spécialiste éminente de la Russie à la Brookings Institution, à Washington, Fiona Hill fut aussi, entre 2017 et 2019, conseillère auprès de Donald Trump lors de son premier mandat et membre du Conseil de sécurité nationale.
Comment évaluez-vous la nouvelle poussée diplomatique américaine ?
C’est une trahison de l’Ukraine et de sa confiance placée dans les Etats-Unis. C’est une trahison de l’Europe et du concept de sécurité collective européenne. Cet effort récent a été conduit non seulement dans le dos des Européens, mais dans celui des Ukrainiens. Le timing a pour but de profiter d’un moment de faiblesse maximale, en raison des accusations actuelles de corruption contre les gens autour de Volodymyr Zelensky. Mais cela repose aussi sur une fausse perception, que les choses iraient très mal pour l’Ukraine sur le champ de bataille, faisant de la capitulation la seule issue.
Les choses ne vont pas bien pour l’Ukraine, mais pas mieux pour la Russie. Toutes deux sont engluées dans cette guerre horrible. Vladimir Poutine est déterminé à l’emporter d’une façon ou d’une autre. Si ce n’est pas sur le champ de bataille, alors d’une autre manière. Et celle-ci consiste à remporter la guerre de l’information et convaincre le président américain et son envoyé, Steve Witkoff, pour obtenir ce qu’il veut. Donald Trump, lui, a fixé un ultimatum pour parvenir à un accord avant Thanksgiving [le 27 novembre], qui est symbolique pour lui. Mais tout le monde s’en moque de cette fête, en Europe !
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