Professeure de psychologie cognitive et du développement à l’université de Toulouse, au sein du laboratoire Cognition, langues, langage, ergonomie, Florence Bara est également enseignante-chercheuse à l’institut national supérieur du professorat et de l’éducation. Elle vient de coécrire Enseigner l’écriture (160 pages, 10 euros), dans la collection « Mythes et réalités » des éditions Retz, avec Jean-Luc Velay et Marie-Thérèse Zerbato-Poudou.
Pourquoi publier un ouvrage sur les mythes de l’apprentissage de l’écriture ? Les méthodes des enseignants sont-elles à ce point en décalage avec les besoins des élèves ?
Les manuels pédagogiques sur l’apprentissage de l’orthographe sont nombreux, mais il existe peu d’ouvrages sur le geste moteur de l’écriture, c’est-à-dire tout ce que le corps met en mouvement de façon coordonnée – doigts, main, bras, buste – pour former des lettres. La plupart des enseignants demandent traditionnellement de copier des lignes de lettres et de mots. Ils sont un peu obnubilés par le côté esthétique de la calligraphie de l’écriture cursive. Selon nous, ce formalisme n’est pas vraiment utile. Pourtant, nombre d’enseignants y sont attachés. C’est regrettable car un enfant qui se concentre trop sur cet aspect travaille de façon plus lente et laborieuse. Pire, cela peut le détourner de la finalité de cette action qui est d’acquérir fluidité et rapidité. Cela lui laisse aussi peu d’espace pour se concentrer sur l’orthographe, la composition du texte, l’organisation de la phrase. L’écriture est un moyen, pas une fin. Cette importance de la forme, chère à la France, n’est pas universelle. Au Québec, par exemple, les élèves sont plus libres d’écrire à leur guise du moment qu’ils restent lisibles. Ils mixent souvent [écritures] cursive et scripte, ce qui leur permet de gagner en fluidité et en rapidité.
D’après vos recherches, quelles sont les méthodes d’apprentissage de l’écriture qu’il est urgent d’abandonner au profit de pratiques plus utiles ?
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