Stages, expériences de volontariat ou d’apprentissage, « contrat d’engagement » ou autres services civiques prennent désormais une place prépondérante dans les CV des candidats en quête d’un emploi. Avec l’augmentation du nombre de diplômés et l’allongement de la période d’insertion professionnelle, les jeunes sont lancés dans une course à la distinction. Dans Promesse d’embauche. Comment l’Etat met l’espoir des jeunes au travail (La Dispute, 2025, 200 pages, 20 euros), Florence Ihaddadene, sociologue à l’université de Picardie Jules-Verne et spécialiste du service civique, fustige une accumulation de dispositifs dérogatoires au droit du travail, tenant lieu de politique de la jeunesse, qui ne seraient pas sans conséquence sur le rapport des jeunes au travail. Entretien.
Stages, emplois aidés, services civiques, apprentissages…, dans votre ouvrage vous estimez que ces dispositifs reposent en fait sur une « politique de l’espoir » à destination des jeunes. De quoi s’agit-il ?
On entend souvent que la France n’a pas de véritable politique globale de la jeunesse. J’essaie au contraire, dans cet ouvrage, de montrer comment l’accumulation de dispositifs dérogatoires au droit du travail, et reposant sur des promesses faites aux jeunes sur leur avenir, constitue finalement bien une politique cohérente. Une politique de mise en attente et de mise en concurrence des jeunes, justifiant la prolongation du temps de formation ou de recherche d’emploi avant de pouvoir s’insérer.
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