La scène rappellerait presque ses plus belles soirées au Vélodrome : chants, fumigènes, ferveur populaire. Mais, cette fois, c’est à Lens que Florian Thauvin a été accueilli en héros. Le footballeur international français a posé ses valises dans le Nord, mardi 5 août, où il a été accueilli à l’aéroport Lille-Lesquin par une centaine de supporteurs des Sang et Or. Le lendemain, sous un ciel gris typique du Pas-de-Calais, le milieu offensif a passé sa visite médicale, avant de s’engager officiellement, vendredi, pour trois saisons avec le Racing club de Lens.
« Florian est une valeur sûre de notre championnat. Sa capacité à éliminer, à marquer dans toutes les positions et à faire briller ses coéquipiers sera importante pour l’équipe, s’est félicité le directeur sportif du club artésien, Jean-Louis Leca, dans un communiqué. Voir un joueur de cette qualité et avec ce statut d’international français adhérer à notre projet est très positif. »
A 32 ans, Florian Thauvin retrouve donc le championnat de France, qu’il avait quitté à l’été 2021, après huit années sous les couleurs de l’Olympique de Marseille (OM) – interrompues par un court passage en Angleterre, à Newcastle. Son arrivée s’inscrit dans un mouvement plus large : celui de l’arrivée de plusieurs champions du monde 2018 en Ligue 1 (L1), après Olivier Giroud, qui a débarqué à Lille, et Paul Pogba, à Monaco.
Formé à Grenoble, puis révélé à Bastia, en 2011, Florian Thauvin est élu meilleur espoir de L1 en 2013. Cette année-là, il connaît pourtant une période houleuse : transféré à Lille, à la fin de janvier, puis immédiatement prêté à son ancien club pour terminer la saison, il finit par quitter le Nord, en septembre, pour l’OM. Dans la cité phocéenne (2013-2015, puis 2016-2021, après une parenthèse de six mois, donc, chez les Magpies), il devient indispensable en attaque, disputant près de 300 matchs pour 86 buts marqués.
Sa carrière connaît son apogée en 2018, avec la finale – perdue face à l’Atlético de Madrid (0-3) – de Ligue Europa et sa convocation en équipe de France dans le cadre du Mondial en Russie. Malgré un temps de jeu très réduit (quelques minutes seulement contre l’Argentine en huitièmes de finale), Florian Thauvin soulève le trophée avec les Bleus.
Après l’OM, la suite de son aventure prend un virage inattendu. Il s’envole pour le Mexique, où il rejoint les Tigres de Monterrey. Une parenthèse aussi courte que décevante (2021-2023). Libéré de son contrat, il rebondit dans le championnat italien, à l’Udinese, qu’il intègre à l’hiver 2023, avec un contrat courant jusqu’en 2026. Là, il retrouve un rôle majeur, au point de se voir confier le brassard de capitaine. Sa saison 2024-2025, marquée par huit buts et trois passes décisives en 25 rencontres, s’interrompt brutalement à cause d’une blessure qui le tient éloigné des terrains plusieurs semaines.
« Un leader »
Dès le mois de mars, le natif d’Orléans avait fait part de ses envies d’ailleurs. « Un retour en France est la priorité quand je partirai [de l’Udinese]. Le championnat me manque, la vie en France me manque », expliquait-il à L’Equipe, faisant part de sa frustration à l’idée que « personne ne [l]e voi[e] jouer ».
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Sa décision de s’établir à Lens s’explique par une conjonction de circonstances favorables. Le club artésien, après avoir connu l’euphorie d’une qualification en Ligue des champions et d’une deuxième place historique en L1 en 2023, a vu partir plusieurs de ses cadres (Facundo Medina, Brice Samba, Kevin Danso, Przemyslaw Frankowski). Dans un mercato prudent, dicté par la volonté du propriétaire, Joseph Oughourlian, de réduire la masse salariale, le recrutement de Florian Thauvin représente une belle affaire.
Pour Pierre Sage, entraîneur des Sang et Or, c’est l’occasion de récupérer un joueur d’expérience, capable d’évoluer en soutien d’un attaquant ou au poste de numéro 10. « C’est un leader et un champion », estime Gökhan Inler, directeur sportif de l’Udinese. Son vécu européen et son aptitude à se transcender dans des ambiances bouillantes – le Vélodrome de Marseille hier, le stade Bollaert-Delelis demain – devraient constituer des atouts de poids dans un vestiaire en pleine reconstruction.
Le défi n’en demeure pas moins incertain. Florian Thauvin sort d’une blessure et ses dernières saisons ont été en dents de scie. L’adaptation devra être rapide au sein d’une équipe qui doit composer avec une attente populaire immense. Le contexte pourrait aussi l’aider : porté par un public parmi les plus fervents de France, qui l’a accueilli avec faste, l’ancien Marseillais renoue avec un environnement propice à la performance.