Les auto-écoles en ligne ont le vent en poupe, pour les cours de code mais aussi pour les heures de conduite.
Elles permettraient de gagner une dizaine d’heures et de payer 40% moins cher, en moyenne, que dans une auto-école traditionnelle.
Une équipe de TF1 fait le point.
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Le 20H
Passer son permis de conduire, code de la route et formation pratique inclus, en beaucoup moins de temps et à des tarifs en moyenne 40% moins chers que ce que proposent leurs concurrentes physiques : c’est la promesse des auto-écoles en ligne qui, ces dix dernières années, séduisent de plus en plus de candidats, particulièrement ceux au budget limité. En Voiture Simone, Le Permis Libre, Ornikar et autre Stych, leaders de ce marché en plein essor, revendiquent, selon Auto Plus (nouvelle fenêtre), un impressionnant taux de réussite de 87% en moyenne, pour un montant moyen de 750 euros, contre 1.200 euros s’agissant des auto-écoles traditionnelles. Mais dans les faits, ne serait-ce pas un peu trop beau pour être vrai ?
Le reportage du 20H de TF1, visible en tête de cet article, nous montre Younes en pleine heure de conduite, tandis qu’il marche dans une rue de Reims (Marne), son smartphone en main. « En fait, c’est un entraînement pour voir directement ce que tu vas faire, ce que tu vas pratiquer », explique-t-il en travaillant, en l’occurrence, l’allure et le stationnement sur une application. Avant de grimper dans une vraie voiture le lendemain, pour mettre en application ces exercices. « On a raccourci le temps de séances pour que nos élèves puissent aller à l’essentiel. Ils sont tenus d’apprendre avec des fiches, des vidéos. On arrive à gagner une dizaine d’heures en voiture par rapport à une auto-école traditionnelle », vante son moniteur, Benoît Lemonnier.
C’est de ce gain de temps que proviendrait l’attractivité des tarifs… Mais à des prix d’appel, ces forfaits low cost ne comprenant généralement que 20 sessions de conduite de 45 minutes, rarement suffisantes pour accéder à l’examen final, et ce, en devant souvent changer de moniteur, voire de modèle de véhicule durant la formation pratique. « C’est de l’uberisation, tout simplement, tacle Gérald Bouchez, gérant d’une auto-école rémoise à l’ancienne depuis trente ans. Après, est-ce qu’il y a un suivi ? Je ne sais pas… Nous, on tourne à 76% de réussite, alors que beaucoup des auto-écoles en ligne tournent autour de 45%. » Un dernier chiffre confirmé à TF1 par la Direction de la sécurité routière, à l’échelle de l’année 2024.

Autre différence, ainsi pointée par une candidate inscrite dans l’établissement de Gérald Bouchez : « Ici c’est beaucoup plus rapide de prendre des heures de conduite. Mon copain, dans une auto-école en ligne, a dû attendre un ou deux mois pour en avoir au mois de mars. » Selon de nombreux témoignages issus de forums sur Internet, même dans les zones très urbanisées, obtenir des rendez-vous réguliers relève du parcours du combattant, sans parler des annulations récurrentes au dernier moment par des moniteurs officiant, dans la plupart des cas, pour plusieurs de ces sites à la fois. Ce qui allonge la durée de la formation et finit inéluctablement par alourdir la note, donc contredire la promesse initiale.

Un manque d’accompagnement qui alerte l’Union nationale intersyndicale des enseignants de la conduite (Unidec), le principal syndicat du secteur. « L’objectif des auto-écoles en ligne, on le voit bien, c’est d’inscrire le plus de personnes possibles. Après, que les candidats aient le permis ou pas, finalement, ce n’est pas leur problème », accuse sa présidente, Christelle Oberholz. En France, dix ans après leur apparition, les auto-écoles en ligne représentent 5% du marché de la formation pratique au permis de conduire. Passées donc du virtuel au réel, dans la roue d’une transformation digitale globale fonçant à tout allure. Elles sont recommandées aux élèves autonomes plutôt qu’aux débutants, ayant besoin de conseils de vive voix.