Les implants capillaires ont apaisé le complexe, mais Franck Annese ne se sépare jamais de sa casquette. Baskets, jeans, pull, à 47 ans, le patron de So Press a gardé le même style qu’à 25 ans, lorsqu’il a fondé son groupe de presse indépendant, en 2003, aujourd’hui fort de 120 personnes, dont une cinquantaine de CDI. Avec le même bagout, un amour de la tchatche et l’humour intacts. « Sous couvert de mec à la cool, c’est un obsessionnel du travail et il est très organisé », prévient toutefois Eric Karnbauer, le directeur général. « C’est un faux brouillon », confirme le producteur Renaud Le Van Kim, un actionnaire de So Press.
Le quadragénaire a réussi à bâtir un groupe de presse qui écoule deux millions de magazines par an et a su se faire une place dans la production audiovisuelle (majoritairement publicitaire) avec sa filiale Sovage. Cette activité, qui représentait la moitié des 21,5 millions d’euros de chiffre d’affaires du groupe en 2023, a permis de compenser le trou d’air de la branche presse en 2024, le bénéfice du groupe plongeant de 2,4 millions d’euros à 500 000 euros.
Dans les locaux de 1 200 mètres carrés, situés dans le 18e arrondissement de Paris, le langage est fleuri, on aime « plier le game » et « casser des gueules » avec ce qu’on produit. Métaphoriquement bien sûr. Les pauses se font autour du Fingabol, un jeu d’adresse entre le baby-foot et le billard. « Si ça peut faire revenir les gens à la rédaction plutôt que rester en télétravail », glisse Franck Annese.
« Il y a plein de mini-Franck là-bas, de gros bosseurs derrière leur air débonnaire », sourit Thibaut Bruttin, directeur général de Reporters sans frontières (RSF), qui a collaboré en 2024 avec l’équipe de Society pour un numéro spécial avec l’ONG. « So Press contribue à un rajeunissement de l’image de la presse », constate-t-il.
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