Il se voulait réformateur, et a secoué verbalement les conservatismes du Vatican.
Plus ouvert aux homosexuels et aux femmes que ses prédécesseurs, le pape François a-t-il pour autant modifié la doctrine de l’Église ?
Le 20H de TF1 s’est posé la question de l’héritage réel du souverain pontife.
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Mort du pape François
S’il laisse avant tout une image de proximité avec les fidèles, quelle que soit leur condition, le pape François s’est aussi voulu un réformateur de l’Église, en tout cas dans ses nombreuses prises de parole. L’année après son élection, les cardinaux de la Curie, le gouvernement du Vatican, ont ainsi subi les premières foudres papales. Avec son franc-parler légendaire, François dénonçait les courbettes des courtisans du Vatican. Il évoquait face à eux « la maladie des méchants, ceux qui préfèrent parler dans le dos des personnes et non pas devant. Une façon de tuer les réputations des autres ».
Si quelqu’un est homosexuel, et cherche le seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour le juger ?
Si quelqu’un est homosexuel, et cherche le seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour le juger ?
Le pape François, en juillet 2013
Celui qui avait choisi une vie plus simple, en prenant un nom de souverain pontife en hommage à Saint-François d’Assise, a ouvert l’Église aux couples remariés et aux couples homosexuels, avec une phrase entrée dans l’histoire. « Si quelqu’un est homosexuel, et cherche le seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour le juger ? », avait-il lancé aux journalistes dans son avion de retour du Brésil, où il venait d’effectuer son premier voyage à l’étranger, en 2013, quelques mois après son élection.
Il y a un an et demi, le pape François a finalement autorisé la bénédiction des couples homosexuels, sans pour autant autoriser leur mariage à l’église. « Contrairement à son prédécesseur, il a vraiment refusé de mettre en premier la condamnation morale, pour dire qu’il faut d’abord aller à la rencontre des personnes », salue Cyrille de Compiègne, de l’association chrétienne David et Jonathan. « Mais il n’y a pas eu de travail théologique pour vraiment transformer sur le fond le discours de l’Église catholique », regrette-t-il dans le reportage de TF1 en tête de cet article.
Des femmes au synode
Le pape a également ouvert la gouvernance du Vatican aux femmes. Pour la première fois, l’une d’entre elles est à la tête d’un ministère du Vatican, la religieuse italienne Simona Brambilla. Pour la première fois aussi, on compte près de 15% de femmes dans un synode, un conseil chargé d’orienter la doctrine qui, ordinairement, ne réunit que des évêques. Parmi elles notamment, la religieuse française Nathalie Becquart, de la congrégation des Xavières, nommée en 2021 sous-secrétaire du synode avec un droit de vote, une première pour une femme.
« Le seul problème que ça pose, c’est que cette décision, elle ne change pas la norme dans le gouvernement de l’Église », commente à son tour l’essayiste Christine Pedotti, directrice de la rédaction de « Témoignage chrétien ». « C’est-à-dire que le pape suivant ne sera pas obligé de nouveau de nommer des femmes. Il n’y a pas de règle de parité. Il a beaucoup écrit le pape sur le sable et il n’a pas beaucoup gravé dans le marbre. À Rome, il vaut mieux graver dans le marbre », souligne-t-elle.
Autre avancée notoire du pontificat de François, face à l’ampleur des crimes pédophiles dans l’église, il a fait part de sa « honte », et a rendu obligatoire le signalement de tous les cas. L’Église a ouvert ses archives. Le cardinal américain Theodore McCarrick, ancien archevêque de Washington, reconnu coupable de violences sexuelles, a été rendu à l’état laïc, c’est-à-dire privé de ses droits et prérogatives de prêtre. Mais le pape François est resté inflexible dans plusieurs autres domaines, comme le droit à l’avortement, à l’euthanasie, ou au mariage des prêtres.