- Des dizaines de milliers d’hectares de friches industrielles en France sont inexploitables, à cause de leurs sols pollués.
- Pour les réhabiliter, certaines plantes ont des vertus extraordinaires.
- Le 13H de TF1 s’est intéressé à des expérimentations qui parviennent à dépolluer ces terres qu’on croyait condamnées.
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Initiatives environnementales
À Uckange, en Moselle, les sols sont gravement pollués (nouvelle fenêtre). Une ancienne usine de production de métaux industriels, fermée il y a 30 ans, a laissé dans le sous-sol au moins une vingtaine de substances toxiques. Parmi elles, des hydrocarbures et des polluants métalliques comme le zinc ou le plomb, qui rendent la friche inexploitable.
Jean Larché, ancien sidérurgiste, n’a pas oublié le cadre dans lequel il travaillait jadis. « Il y avait beaucoup de poussière. Donc les poussières, ça volait et ça retombait au sol. Donc automatiquement, les sols étaient pollués »
, explique-t-il dans un reportage du 13H de TF1, accessible en tête d’article.
Mais la situation pourrait évoluer grâce à Sonia Henry, enseignante-chercheuse à l’Université de Lorraine, qui cultive des plantes capables de nettoyer les sols. « On a une espèce végétale qui s’appelle Miscanthus x giganteus, parce qu’elle va pousser à plusieurs mètres de haut, […]. Et cette plante va nous permettre de dépolluer les sols qui sont contaminés, par exemple en hydrocarbures »
, explique-t-elle.
Entre 90.000 et 150.000 hectares de friches non exploitées
« L’herbe à éléphant », le nom vernaculaire de cette plante, stimule grâce à ses racines des bactéries et des champignons capables de détruire les polluants. En deux ans, ces mécanismes naturels ont diminué de moitié la pollution aux zincs, se réjouit la chercheuse. Une autre plante, dont le nom doit rester secret, absorbe les polluants directement dans sa tige ou ses feuilles. Problème : elle devient à son tour contaminée, et doit être coupée et jetée.
Selon le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), la France compterait entre 90.000 et 150.000 hectares de friches inutilisées. L’enjeu serait donc de dépolluer le plus de terrains possibles.
En Île-de-France, une parcelle aussi grande que quatre terrains de football a été contaminée pendant deux siècles par des résidus de chantier gravats et déchets bitumés. Aujourd’hui, presque toute la zone a été dépolluée, notamment grâce à la culture de fleurs. Pour parvenir à ce résultat, il a d’abord fallu retirer les blocs de béton, ajouter du compost et remuer en profondeur pendant trois ans pour permettre à la faune, comme les vers de terre, de fertiliser les sols.
Une aubaine pour les fleuristes du secteur qui se fournissent ici. « C’est une grosse demande de nos clients qui veulent de plus en plus des fleurs locales et de saison. Par rapport à des choses un peu industrielles, c’est moins normé, c’est moins standardisé et donc vous n’avez pas forcément des hauteurs ou des tiges qui sont bien droites. Ce qui fait aussi le charme du naturel »,
explique un fleuriste. Car à l’heure où 85% des fleurs en France sont importées de l’étranger, reconvertir des friches dépolluées en production de plantes non vivrières pourrait permettre de développer davantage la filière française.