Dix personnes, dont deux mineurs, ont été tuées par un homme armé, mercredi 1er janvier, dans une ville du sud du Monténégro, parmi lesquelles le propriétaire d’un restaurant dans lequel le suspect avait passé la journée et des membres de sa famille.
Contrairement aux premières informations communiquées par la police, les victimes n’ont pas toutes été abattues dans ce restaurant près de la ville de Cetinje. Le suspect, toujours en fuite, aurait frappé à différents endroits.
Le drame a commencé lorsque le suspect, né en 1979, « après s’être disputé avec un client avec qui il avait passé une grande partie de la journée, et alors qu’il avait bu de grandes quantités d’alcool, est rentré chez lui, a pris une arme, et a tué quatre personnes », a expliqué le chef de la police, Lazar Scepanovic, lors d’un point de presse. Il s’est ensuite rendu « dans trois autres lieux où il a tué la famille Martinovic, un membre de sa propre famille et deux enfants âgés de 10 et 13 ans. Il a essayé de tuer quatre autres personnes dont la vie n’est plus en danger », a continué M. Scepanovic.
Cet homme âgé de 45 ans est recherché par la police et l’armée qui ont invité les habitants de Cetinje à rester chez eux.
De nouvelles restrictions sur les armes à feu
Dans une allocution au cours de la soirée, le premier ministre, Milojko Spajic, a annoncé un deuil national de trois jours, les 2, 3 et 4 janvier.
« Nous recherchons le coupable et nous sommes sur le bon chemin », a-t-il souligné. Evoquant « une bagarre dans un restaurant, au cours de laquelle des armes ont été dégainées, et qui a dégénéré », M. Spajic a aussi annoncé de nouvelles restrictions à venir quant à la possession d’armes à feu. « Cette tragédie nous interroge sur qui sont ceux qui peuvent avoir des armes au Monténégro », a-t-il ajouté.
« Nos pensées vont ce soir aux familles qui ont perdu des proches et aux habitants de Cetinje. Tout le Monténégro ressent et partage votre douleur. Nous prions pour le rétablissement de tous les blessés », a écrit sur le réseau social X le président du pays, Jakov Milatovic.
Des dizaines d’hommes et de véhicules de police
Sur place, aux environs du restaurant traditionnel dans lequel le drame a eu lieu, la police empêchait dans la soirée toute personne de s’approcher. Des dizaines d’hommes, des véhicules de police et au moins une ambulance étaient visibles derrière les barrières. Assurant dans son communiqué que cette fusillade n’était « pas le résultat d’une confrontation entre des groupes appartenant au crime organisé », la police monténégrine a exhorté les habitants à rester chez eux tant que le suspect était en fuite.
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Si la police semble privilégier l’hypothèse d’un crime non mafieux, le crime organisé et la corruption affectent depuis longtemps le Monténégro, et la ville de Cetinje a été particulièrement touchée ces derniers mois. En juin, deux personnes sont mortes et trois y ont été blessées dans une explosion − des membres d’un groupe criminel, selon la police. Parmi les blessés se trouvaient deux autres membres présumés d’un gang, ainsi qu’une passante.
Après cette explosion, le gouvernement avait promis de s’en prendre au crime organisé. Mais fin septembre, un autre membre d’un clan mafieux a été tué, encore à Cetinje, ancienne capitale royale nichée au creux d’une vallée. Il a été abattu par un tir de sniper alors qu’il était assis dans son jardin. Ces règlements de comptes sont tous liés, soupçonnent les enquêteurs, au conflit qui oppose depuis des années deux groupes criminels, le Skaljari et le Kavaci.
Le petit pays des Balkans, qui compte 630 000 habitants, a souvent promis de s’attaquer à ces groupes pour espérer rejoindre l’Union européenne.