Prêt à en découdre
Professeur d’économie à l’Ecole normale supérieure, à la Paris School of Economics et à l’université de Californie à Berkeley, Gabriel Zucman s’adressait sur X à Sébastien Lecornu le soir de sa nomination à Matignon : « Bonsoir M. le premier ministre. Le temps est venu d’imposer les milliardaires. » Le lendemain, l’économiste faisait face à Léa Salamé sur le plateau du JT de France 2. « Vous êtes la bête noire des milliardaires », lui dit-elle. Souriant, il affirme être disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre si le premier ministre envisage cette taxation, dont « les Français ont besoin ». L’économiste de 38 ans n’est pas rigide, puisqu’il a dit au Monde : « Ma proposition ne constitue qu’un point de départ, qui peut être amélioré. » La taxe qui porte son nom et prévoit d’imposer à 2 % les patrimoines de plus de 100 millions d’euros a été adoptée en première lecture en février, avant d’être rejetée par le Sénat, trois mois plus tard.
Rationaliste de l’injustice
Né en 1986 à Paris, Gabriel Zucman livre peu d’informations personnelles. Fils de deux médecins, il a vécu une enfance bourgeoise. Sa sensibilité aux injustices fut alimentée, selon lui, par son travail sur les données des sociétés offshore et de la fraude fiscale. Il n’adhère à aucun parti politique, mais la gauche, Parti socialiste en tête, l’a consulté début septembre pour élaborer un budget à opposer à celui de François Bayrou. Débordé par les demandes des médias, il confie à un « ami et conseiller en communication » le soin de répondre à sa place : Pierre Natnaël Bussiere le qualifie de « révolutionnaire républicain : sa fidélité à la République passe par une fidélité à la justice. Il souhaite fournir au sentiment d’injustice un fondement rationnel ».
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