- Rachida Dati est renvoyée devant le tribunal correctionnel pour « corruption et trafic d’influence passifs ».
- La ministre de la Culture est également citée dans d’autres affaires sensibles, dont certaines font l’objet d’une enquête judiciaire.
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Affaire Renault : Rachida Dati renvoyée en procès pour corruption
Les juges d’instruction parisiens ont rendu leur décision. Après plusieurs recours, Rachid Dati a été renvoyée devant le tribunal correctionnel (nouvelle fenêtre) mardi 22 juillet pour des faits de « corruption et trafic d’influence passifs »
ainsi que pour « recel d’abus de pouvoir et de confiance »
.
L’affaire trouve son origine dans une plainte déposée en 2019 par une actionnaire minoritaire de Renault-Nissan pour « abus de biens sociaux »
et « corruption »
. En cause : un contrat signé en 2009 par Rachida Dati et RNVB, filiale du groupe, en vertu duquel elle aurait perçu 900.000 euros entre 2010 et 2012 pour des prestations de conseil, dont la justice met en doute la légalité. À l’époque eurodéputée, Dati est soupçonnée d’avoir mené des actions de lobbying pour Renault, en lien avec Carlos Ghosn, alors PDG du constructeur Renault (nouvelle fenêtre), lui aussi mis en examen.
Mais cette affaire n’est pas la seule à peser sur la ministre. Cette dernière est mise en cause dans d’autres dossiers sensibles, dont certains font l’objet d’enquêtes judiciaires.
Soupçon de corruption avec GDF Suez
Rachida Dati a-t-elle touché 299.000 euros en échange d’interventions en faveur de GDF Suez (aujourd’hui Engie) au Parlement européen ? C’est ce que dénonce une enquête du Nouvel Obs
(nouvelle fenêtre) et de Complément d’enquête (nouvelle fenêtre), diffusée début juin. Les journalistes y révèlent plusieurs prises de position favorables au secteur gazier durant son mandat européen.
Selon les documents comptables d’un cabinet d’avocat parisien, consultés par les deux médias, deux virements de 149.500 euros chacun, datés de juillet 2010 et février 2011, auraient été versés par GDF Suez. Ces sommes auraient été décaissées par le cabinet au profit de Rachida Dati. Deux ans plus tard, en 2013, elle s’opposait, à Strasbourg, aux subventions pour les renouvelables, selon un témoignage de Corinne Lepage, eurodéputé centriste.
Rachida Dati, qui a toujours nié avoir été rémunérée par GDF Suez, avait qualifié les accusations du documentaire de « totalement diffamatoires »
.
L’affaire Benabderrahmane et les liens avec le Qatar
Rachida Dati est également citée dans une information judiciaire liée à l’affaire Tayeb Benabderrahmane. Ce lobbyiste franco-algérien accuse le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi (nouvelle fenêtre), de l’avoir fait détenir au Qatar en 2020 pendant six mois, en raison de documents compromettants qu’il aurait détenus. Devant la justice, Tayeb Benabderrahmane met également en cause l’actuelle ministre de la Culture, qui aurait servi d’intermédiaire lors des négociations avec les autorités locales, dans le but de servir ses propres intérêts.
D’après le Le Monde
(nouvelle fenêtre), la ministre aurait recommandé à l’épouse du lobbyiste de confier sa défense à l’avocat Olivier Pardo, lequel l’aurait dissuadée d’alerter la presse ou les autorités consulaires, afin que le détenu se montre conciliant avec le Qatar.
Toujours selon Benabderrahmane, une source proche du dossier lui aurait aussi confié que la femme politique aurait perçu 600.000 euros du ministre du Travail qatari, Ali Bin Samikh Al-Marri – impliqué dans le Qatargate (nouvelle fenêtre), une affaire de corruption au Parlement européen – afin de financer sa campagne électorale pour la mairie de Paris en 2020.
« Je n’ai jamais été avocate dans cette affaire, mais en soutien à un ami avec Madame Benguigui
[une ancienne ministre de la francophonie, également mise en cause dans cette affaire]. Je ne connais pas M. Al-Khelaïfi ni même les interlocuteurs qataris de cette affaire »
, s’était défendue la ministre auprès du Monde
, en 2022.
Des bijoux non déclarés d’une valeur de 420.000 euros
Enfin, une autre polémique concerne 19 bijoux de luxe non déclarés, d’une valeur totale estimée à 420.000 euros. Selon Libération
, ces bagues, colliers, bracelets, montres n’ont pas été signalés à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), comme la loi l’exige pour tout bien supérieur à 10.000 euros.
À la suite d’un signalement porté à la justice, les avocats de Rachida Dati ont déclaré qu’elle avait « intégralement respecté ses obligations légales et déclaratives »
et qu’elle rejetait ces « attaques personnelles et sans fondement »
.