En mars de cette année, dans sa croisade antidiversité, l’administration Trump a demandé aux responsables des archives de l’armée américaine de caviarder les contenus mentionnant le mot « gay », y compris une image de l’avion B-29 baptisé Enola Gay, qui largua la première bombe atomique sur Hiroshima pendant la seconde guerre mondiale.
Qu’aurait pensé le mangaka Keiji Nakazawa (1939-2012) de cet absurde effacement, l’année des 80 ans de l’explosion, lui qui passa une grande partie de sa vie à faire en sorte qu’on n’oublie jamais la souffrance des victimes du bombardement d’Hiroshima, qu’il a expérimentée dans sa chair et son cœur ?
Le 6 août 1945, à 8 h 15, lorsque la bombe s’abat sur sa ville natale, Keiji, quatrième des six enfants de la famille Nakazawa, est âgé de 6 ans. Parmi les dizaines de milliers de victimes immédiates figurent son père, sa sœur et son petit frère. L’enfant, qui a déjà affronté la misère, la faim et les discriminations pour être né dans le foyer d’un artiste antiguerre, survit au milieu du chaos. De cette expérience traumatisante et des années qui suivirent, il fera le terreau de son grand œuvre : Hadashi no Gen, Gen aux pieds nus en français, connu dans sa première traduction sous le titre Gen d’Hiroshima. c’est une somme de 2 600 pages en dix volumes de mangas dessinés entre 1973 et 1985 relatant l’enfance de Gen Nakaoka, de l’âge de 6 ans jusqu’à ses 15 ans.
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