L’AVIS DU « MONDE » – POURQUOI PAS
L’univers du théâtre amateur et des troupes de quartier n’a pas souvent été montré à l’écran. C’est désormais chose faite avec Ghostlight, le second long-métrage de Kelly O’Sullivan et Alex Thompson, couple à la ville et nouveaux visages du cinéma « indé » américain, révélés en 2019 au festival SXSW d’Austin (Texas) avec leur précédent film, Saint Frances, jamais sorti en France. Le titre, emprunté au jargon des planches, désigne les veilleuses en bordure de plateau censées prévenir les chutes. Mais derrière la terminologie consacrée, il laisse aussi entendre autre chose, un sens plus littéral qui aurait à voir avec les « fantômes » (ghost), suggérant à l’endroit du théâtre une certaine fonction spirite de passerelle entre les vivants et les morts.
Le film se tient pourtant à l’écart de toute tentation fantastique. Dan, ouvrier de voirie municipale à Chicago (Illinois), est un père de famille à la dérive qui enfouit les problèmes sous une sorte de léthargie palliative. Lui et sa femme, Sharon, ne savent plus quoi faire de leur fille Daisy, lycéenne enragée, en voie de déscolarisation, et dont la colère semble un reflet inversé de l’apathie paternelle. Un beau jour, Dan se laisse entraîner par une troupe de théâtre amateur qui l’intègre dans une mise en scène de Roméo et Juliette. L’homme se prend au jeu, n’en dit rien à ses proches, et trouve dans les répétitions une forme de catharsis.
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