Quatre mois après la chute de Bachar al-Assad, la terreur se répand dans les villes et villages de Syrie.
Les actes de vengeance entre communautés se multiplient, faisant redouter le retour d’une guerre civile.
Regardez le grand reportage exceptionnel des envoyés spéciaux de TF1, qui ont pu se rendre dans plusieurs régions du pays.
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Syrie : la difficile transition après la chute de Bachar al-Assad
Un pays en pleine tourmente, déchiré après quatorze ans de guerre civile. Quatre mois après la chute de Bachar al-Assad (nouvelle fenêtre), la sécurité reste extrêmement précaire en Syrie, pays multiethnique et multiconfessionnel où demeurent encore de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes. Une équipe de reportage de TF1 a pu se rendre dans plusieurs régions, dont l’ouest, berceau de la communauté alaouite et théâtre, le mois dernier, des pires massacres depuis la prise du pouvoir, début décembre, par les rebelles emmenés par le mouvement islamiste Hayat Tahrir al-Sham (nouvelle fenêtre)(HTS) d’Abou Mohammad al-Jolan.
La zone est totalement interdite aux médias, personne ne s’y risque. Nos envoyés spéciaux, la grande reporter Liseron Boudoul et son caméraman Frédéric Amzel, ont pu y pénétrer, avec l’appui d’un membre des forces de sécurité gouvernementales. Pour s’y rendre, ils ont emprunté la route la plus dangereuse de la Syrie, celle qui longe la côte méditerranéenne du pays. Il leur a fallu franchir une quinzaine de check-points, tenus par des miliciens armés ou par des forces de sécurité gouvernementales, impossible à dire.
C’était un carnage. Les islamistes ont tiré sur tout le monde… Juste par vengeance
C’était un carnage. Les islamistes ont tiré sur tout le monde… Juste par vengeance
Azan, un médecin alaouite
Selon un décompte de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plus 1.700 civils, en grande majorité des alaouites (nouvelle fenêtre), minorité religieuse dont est issu le clan Assad, ont été tués le mois dernier dans la région. Les autorités syriennes de transition ont accusé les partisans armés de l’ancien dirigeant déchu d’avoir déclenché les violences en attaquant les nouvelles forces de sécurité gouvernementales. Tout serait parti d’une offensive sanglante menée à Jablé, près de la ville de Lattaquié, le 6 mars.
Dans un village, notre équipe de reportage rencontre Azan, un médecin alaouite dont la famille a été exécutée au cours des massacres du mois dernier. Son père, sa mère et sa sœur… « Ils ont été tués pour des raisons religieuses. C’était un carnage. Les islamistes ont tiré sur tout le monde… Juste par vengeance« , raconte l’homme devant notre caméra. Humiliations, exécutions sommaires… Les représailles ont viré au bain de sang. « On a tout vu de nos propres yeux. Les tueries, les égorgements… C’est effrayant pour nous de vivre comme ça« , raconte une autre habitante.
« Syrie, vers une nouvelle guerre ? » : un Grand Reportage exclusif à voir dans le 20HSource : TF1info Shorts
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Les auteurs de ces massacres rôdent encore librement dans la montagne, tout comme les anciens militaires du régime de Bachar al-Assad. Le pays « vit sur une ligne de crête« , souligne la grande reporter de TF1 Liseron Boudoul dans la vidéo de présentation ci-dessus. À Homs, la ville de la révolution et de la résistance, les actes de vengeance, les enlèvements, les assassinats se multiplient depuis trois mois. Les sanctions économiques imposées précédemment au pays, et dont le nouveau pouvoir en place réclame la levée, ont un lourd impact. Selon l’ONU, 90% des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté.
Les nouvelles autorités syriennes doivent aussi faire à un nouvel ennemi, Daech. L’ombre de l’Organisation de l’État islamique (OEI) plane en effet à nouveau sur la Syrie. Le groupe islamiste profite du chaos pour se reconstituer. Il s’est emparé de stocks d’armes abandonnés par les ex-soldats d’Assad ou par l’armée russe, qui a quitté le pays juste avant le renversement du dictateur. Notre équipe de reportage a pu accompagner une brigade qui les traque dans le désert. Un peu partout, des cavités sont visibles dans les montagnes.
Daech les utilise pour stocker des armes et des munitions. Devant notre caméra, des soldats font exploser l’entrée d’une grotte pour la rendre inutilisable. À l’intérieur se trouvaient des charges explosives et des téléphones prêts à servir de détonateurs. « Ils ont beaucoup d’armes. On s’attend à ce qu’ils reviennent en force« , explique un militaire. Daech n’a plus de califat en Syrie. Mais l’idéologie est bien vivante. Une menace que la communauté internationale prend très au sérieux, comme en témoigne l’opération militaire américaine Inherent Resolve, qui vise à frapper l’organisation Etat islamique, à laquelle est associée la France.