En pleine tourmente depuis des mois, le parti de gauche Syriza « se bat pour sa survie et tout son avenir », commentait le journal grec de centre droit Kathimerini, quelques heures avant les résultats des élections organisées pour désigner le nouveau leader de la formation qui dirigea la Grèce de 2015 à 2019. Dimanche 24 novembre, c’est finalement Sokratis Famellos, 58 ans, député de Thessalonique, seconde ville de Grèce et président du groupe parlementaire de Syriza, qui a été élu dès le premier tour avec 50,5 % des voix face à trois autres candidats. Plus de 70 000 personnes se sont déplacées pour voter. Il y a un peu plus d’un an, en septembre 2023, 148 000 électeurs s’étaient mobilisés pour élire le précédent dirigeant du parti.
Syriza, qui avait gagné les élections législatives en 2015 (36,3 % des voix) sur un discours anti-austérité, n’arrive pas à sortir de sa crise interne. « Depuis 2019, le parti n’a pas fait le bilan de sa gouvernance et n’a pas compris ce qui lui était reproché par certains de ses électeurs, déçus après la signature d’un énième plan d’austérité. Au lieu de parler à sa base, aux syndicats, aux mouvements de la jeunesse, les dirigeants ont voulu trouver de nouveaux électeurs plus au centre. Mais ils se sont perdus », explique Filippa Chatzistavrou, professeure assistante de science politique à l’université d’Athènes.
Le 25 juin 2023, après un score décevant aux législatives face au parti conservateur Nouvelle Démocratie (17,8 % contre 40,6 %), l’ancien premier ministre Alexis Tsipras avait quitté la tête de Syriza. Trois mois plus tard, Stefanos Kasselakis, ancien trader de la banque américaine Goldman Sachs, inconnu au bataillon jusque-là, se faisait élire grâce à une campagne active sur les réseaux sociaux.
Son manque d’expérience, sa méconnaissance de la scène politique grecque, son envie d’ouvrir le parti vers le centre mais aussi la surmédiatisation de sa vie avec son partenaire américain Tyler McBeth ont agacé les députés et les cadres historiques de Syriza. En décembre 2023, deux mois après son élection, une dizaine de députés claquaient la porte, et forment un nouveau parti, baptisé Nouvelle Gauche.
« Le Pasok ramasse les miettes »
Aux élections européennes du 9 juin, Syriza a recueilli 14,9 % des voix, soit 9 points de moins qu’en 2019. Cette déconvenue a affaibli un peu plus Stefanos Kasselakis, à tel point que le comité central du parti a décidé d’organiser de nouvelles élections et d’exclure sa candidature à un nouveau mandat.
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