Les compagnies aériennes sont appelées à annuler 40 % de leurs vols au départ ou à l’arrivée des aéroports de Paris – Charles-de-Gaulle et Orly vendredi, veille des vacances d’été, en raison d’une grève de contrôleurs aériens, a annoncé la direction générale de l’aviation civile (DGAC), mercredi 2 juillet.
Cette exigence de l’administration est plus élevée que celle de jeudi, premier jour de mouvement social, quand seulement un quart des vols seront supprimés dans les aéroports parisiens. A Nice, troisième plateforme française, ces annulations concerneront vendredi la moitié des liaisons, comme jeudi.
Le ministre des transports, Philippe Tabarot, s’est dit mercredi « résolu à tenir bon » face aux syndicats de contrôleurs aériens qui ont appelé à faire grève, et a dénoncé leurs revendications « inacceptables ». « Je sais combien ces mouvements de grève sont coûteux pour vos compagnies aériennes », a-t-il affirmé en clôturant le congrès annuel de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers, porte-voix du secteur. « Les revendications portées par des syndicats minoritaires sont inacceptables, tout comme le choix de faire cette grève au moment des grands départs en congés », a-t-il ajouté.
L’appel à la grève a été lancé par l’UNSA-ICNA et l’USAC-CGT, qui ont recueilli respectivement 17 % et 16 % des voix aux dernières élections. Le syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA), majoritaire, ne s’est pas joint au mouvement.
La pratique des clairances remise en question
L’UNCA-ICNA « dénonce un management toxique et la défaillance dans la conduite des projets », soulignant également un « non-rattrapage de l’inflation ». L’USAC-CGT réclame, de son côté, « l’arrêt de la politique dogmatique de suppression annoncée du service du contrôle aérien dans plus d’une vingtaine d’aérodromes », en référence à la vaste réforme des services de navigation aérienne qui pourrait se traduire par la fermeture du quart des tours de contrôle entre 2028 et 2035, sachant que la France compte « trois à quatre fois plus de tours de contrôle que partout ailleurs en Europe », pointe la DGAC.
Les syndicats souhaitent également une harmonisation des rémunérations par rapport aux voisins européens. Les aiguilleurs français sont payés en moyenne 5 000 euros net par mois, soit deux à trois fois moins que dans les grands pays du continent, relève le SNCTA.
Autre motif de la mobilisation : « Le contrôle de présence des contrôleurs », selon les termes de la DGAC. Le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) a, en effet, recommandé en 2023, la mise en place de badgeuses biométriques pour contrôler la présence des aiguilleurs du ciel sur leur lieu de travail, après une collision évitée de justesse, à l’aéroport de Bordeaux-Merignac, entre un Airbus et un avion de tourisme en 2022.
En cause, les aiguilleurs du ciel, pas assez nombreux dans la tour de contrôle de l’aéroport et occupés à d’autres tâches, avaient, un instant, oublié la présence du petit aéronef. Pour le BEA, cet incident est directement lié à la pratique de la clairance : des contrôleurs qui, face à un trafic plus faible que prévu, s’autorisent des absences non déclarées.