Le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, s’est refusé, jeudi 9 janvier, à « condamner » les déclarations du président américain élu, Donald Trump, qui a réitéré, mardi, ses visées expansionnistes sur le canal de Panama et le Groenland. « Je n’ai pas pour but de condamner notre plus proche allié », a déclaré le ministre britannique, interrogé sur la chaîne Sky News.
« Soyons sérieux : cela ne va pas se produire. Car aucun pays de l’OTAN n’est entré en guerre depuis la création de l’Alliance », a par ailleurs assuré David Lammy sur la BBC. Donald Trump « soulève des inquiétudes à propos de la Russie et la Chine dans l’Arctique, qui concernent la sécurité économique nationale » des Etats-Unis, et qui sont « des questions légitimes », selon David Lammy.
Même son de cloche du côté de l’Italie, où la cheffe du gouvernement, Giorgia Meloni, a estimé jeudi lors de sa conférence de presse annuelle à Rome que les Etats-Unis n’allaient pas « annexer par la force » le Groenland et le canal de Panama. Pour Mme Meloni, qui a rendu visite samedi 4 janvier au président élu américain en Floride, ces déclarations sont « davantage un message destiné » à « d’autres grandes puissances plutôt que des revendications hostiles envers ces pays ». « Il s’agit de deux territoires où ces dernières années nous avons assisté à un activisme croissant de la Chine », a-t-elle ajouté.
L’UE attend « un engagement positif avec la nouvelle administration américaine »
La cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, a refusé, quant à elle, dans un entretien au Monde, de participer à la polémique afin de ménager l’allié américain. Elle a rappelé que « les Etats-Unis respectent la Charte des Nations unies qui stipule que l’intégrité territoriale et la souveraineté des pays doivent être respectées. Je suis donc certaine qu’ils suivront également ces principes à l’avenir ».
De leur côté, les deux principaux dirigeants de l’Union européenne, Ursula von der Leyen et Antonio Costa ont estimé que les Etats-Unis et l’Europe devaient avancer côte à côte. « Nous attendons avec impatience d’avoir un engagement positif avec la nouvelle administration américaine, fondé sur nos valeurs communes et nos intérêts partagés. Dans un monde difficile, l’Europe et les Etats-Unis sont plus forts ensemble », ont déclaré la présidente de la Commission européenne et le président du Conseil européen, dans deux messages identiques publiés sur X.
Mardi, lors d’une conférence de presse, Donald Trump avait refusé d’exclure le recours à la force pour annexer le Groenland, un territoire autonome du Danemark. Il a tenu ces propos au moment où son fils Donald Trump Jr était au Groenland pour une visite éclair, mais largement médiatisée, en tant que « touriste ». Le président élu avait réitéré dès la fin 2024 ses visées expansionnistes en assurant que le contrôle du Groenland était « une nécessité absolue » pour « la sécurité nationale » des Etats-Unis et « la liberté à travers le monde ».
Pas « une crise diplomatique », selon le Danemark
A Copenhague, la première ministre danoise, Mette Frederiksen, va réunir jeudi soir les dirigeants des partis danois représentés au Parlement pour les informer des « mesures prises » par son gouvernement après les déclarations du milliardaire américain.
Le Danemark ne se trouve pas dans une « crise diplomatique », mais cela ne signifie pas qu’« il ne pourrait pas y en avoir une (…) si les paroles se transforment en actes », selon Lars Lokke Rasmussen, le ministre danois des affaires étrangères. « Je pense qu’il faut prendre Trump très au sérieux, mais pas nécessairement au pied de la lettre, a-t-il ajouté. Nous n’avons aucunement l’ambition d’intensifier une guerre des mots avec un président qui va accéder au bureau Ovale. »
Dans une première réaction, mardi, la première ministre danoise avait souligné que « le Groenland est aux Groenlandais » tout en affirmant que les Etats-Unis étaient les « alliés les plus proches » du Danemark, sans s’épancher sur ces menaces.
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De son côté, le gouvernement du territoire autonome a réaffirmé mercredi sa volonté de contrôler son destin tout en voulant rester proche de l’allié américain. « Le Groenland appartient au peuple du Groenland, et le développement et l’avenir du Groenland sont décidés uniquement par son peuple », a insisté le gouvernement. La première ministre danoise doit s’entretenir, vendredi, avec les représentants du Groenland et des îles Féroé, autre territoire autonome danois, pour la réunion bisannuelle du royaume du Danemark.
Donald Trump avait déjà ciblé le Groenland lors de son premier mandat en 2019, disant vouloir l’acheter. Il s’était attiré un refus net de Mme Frederiksen, qui avait jugé la proposition « absurde ». Le Groenland cherche à gagner en souveraineté, mais reste financièrement dépendant de Copenhague. Le territoire attise les convoitises pour ses ressources naturelles – bien que la prospection pétrolière et l’exploitation de l’uranium y soient interdites – et pour son importance géostratégique – les Etats-Unis y ont déjà une base militaire.