Interpellé, à l’Assemblée nationale par la présidente du groupe de La France insoumise (LFI), Mathilde Panot, au sujet de la situation dans la bande de Gaza et du maintien en détention en Israël de huit militants propalestiniens, dont quatre Français, arrêtés après l’arraisonnement du bateau humanitaire Madleen, François Bayrou a dénoncé une « instrumentalisation » de la part de ces « militants », mercredi 11 juin.
« Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza est inacceptable, intolérable et une souffrance, y compris pour ceux qui ont toujours défendu l’existence d’Israël », a d’abord déclaré M. Bayrou, estimant que « la France est un des premiers Etats à avoir dénoncé [cette situation] et à travailler aujourd’hui pour une réponse effective qui nous permettra d’avancer vers [une solution à ] deux Etats ».
« Quant à la Flottile » pour la liberté, qui comptait parmi les douze militants internationaux à son bord la Suédoise Greta Thunberg et l’eurodéputée LFI franco-palestinienne Rima Hassan, le premier ministre a estimé que ces derniers « ont obtenu l’effet qu’ils voulaient obtenir, mais c’est une instrumentalisation à laquelle nous ne devons pas nous prêter ».
« Seule solution possible et digne »
Coupé dans sa réponse par les protestations émanant des bancs « insoumis », le premier ministre a poursuivi en déclarant : « Nous pensons, et nous croyons, que l’action diplomatique [de la France] pour regrouper plusieurs Etats, afin de faire pression sur le gouvernement d’Israël, est la seule solution possible et la seule digne. »
Mme Panot l’a accusé en réponse de reprendre « les éléments de langage » du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et pressé de « convoqu[er] l’ambassadeur d’Israël » pour demander la « libération immédiate et inconditionnelle » des huit militants encore détenus. M. Bayrou a démenti, affirmant que « le seul élément de langage » qu’il utilisait était « le regard des Français sur une situation inacceptable mais instrumentalisée ». La quasi-totalité des députés « insoumis » a ensuite quitté l’Hémicycle pour protester.
Peu après, la députée a fait part devant la presse de sa « colère ». « Lorsque vous êtes chef d’un gouvernement et que vous avez des compatriotes emprisonnés, vous ne prenez pas les mêmes éléments de langage et de propagande que ceux du gouvernement d’extrême droite israélien », a-t-elle dénoncé, en demandant à être « reçue » par Emmanuel Macron.
Huit militants toujours en centre de rétention
Quatre des douze militants du bateau pour Gaza – la Suédoise Greta Thunberg, deux Français et un Espagnol – ont regagné leur pays mardi. Mais huit autres, dont quatre Français, une Allemande, un Turc, un Néerlandais et un Brésilien, sont maintenus dans un centre de rétention près de l’aéroport Ben-Gourion à Tel-Aviv, après le rejet de leur demande de libération, a fait savoir mercredi l’ONG israélienne de défense des droits humains, Adalah.
Newsletter
« Politique »
Chaque semaine, « Le Monde » analyse pour vous les enjeux de l’actualité politique
S’inscrire
Cette ONG assiste la plupart d’entre eux, dont Mme Hassan. Selon elle, les militants ont refusé de signer le document autorisant leur expulsion, contestant être entrés illégalement en Israël et affirmant avoir été arrêté dans les eaux internationales.
La France a « passé tous les messages » à Israël pour que « la protection » de ses ressortissants « soit assurée » et qu’ils « puissent retrouver le sol français », avait assuré lundi soir M. Macron, tout en dénonçant le « scandale » du blocus humanitaire à Gaza.
Le ministre des affaires étrangères Jean-Noël Barrot a dénoncé, mardi, « les manœuvres de désinformation » d’« un certain nombre de responsables politiques [français] critiquant les agents du Quai d’Orsay et de notre ambassade sur place, alors même qu’ils exercent leurs missions (…) dans des conditions extrêmement difficiles ». Il critiquait les mises en cause formulées par les représentants de LFI, Jean-Luc Mélenchon ayant notamment fustigé la « nullité des services français » en affirmant que les familles des ressortissants retenus en Israël n’avaient eu « aucune nouvelle » après leur arrestation.
« La diplomatie française a joué tout son rôle, d’abord en alertant les participants à cette initiative des risques auxquels ils s’exposaient, en appelant les autorités israéliennes, bien avant l’arraisonnement du navire à prévenir toute forme d’incident (…) puis en assurant une présence consulaire » après leur arrestation, a encore assuré le ministre.