Cinq jours sur le front, cinq jours à l’arrière. Ainsi s’organise la vie du soldat Sergueï, qui a demandé à conserver l’anonymat, depuis qu’il a décidé de s’engager, à l’été 2024, après une rupture amoureuse. Cet ancien présentateur à la télévision ukrainienne, âgé d’une trentaine d’années, fait partie des privilégiés, de ceux qui bénéficient de rotations régulières quand d’autres passent parfois des semaines sur le front. Cela fait plus de huit mois qu’il combat sur le territoire de Zaporijia, dans le sud de l’Ukraine, une région coupée en deux par la guerre, dont le Kremlin revendique l’entière souveraineté depuis un simulacre de référendum de rattachement à la Fédération de Russie, en septembre 2022.
Ses journées et ses nuits sur le front consistent à lancer des drones de reconnaissance et d’attaque sur les positions russes. Son temps à Zaporijia, la capitale de la région, sous contrôle ukrainien, il le passe à s’occuper du chat dont il partage la responsabilité avec un autre soldat, à aller au cinéma, à se reposer, à tenter de mener une vie « normale », malgré tout. Ses pauses à l’arrière sont aussi l’occasion de se replonger dans l’actualité. A propos des efforts de l’administration américaine pour mettre fin au conflit, Sergueï reste dubitatif : « Cette guerre va encore durer dix ans », affirme-t-il, persuadé que Vladimir Poutine n’a en rien renoncé à ses objectifs.
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