« Des discussions productives et ciblées », c’est ainsi que le ministre de la défense ukrainien, Rustem Umerov, à la tête de la délégation de son pays, a qualifié les échanges avec des responsables américains qui se sont tenus, dimanche 23 mars, à Riyad. Lundi, c’est au tour des Russes de s’asseoir à la table des négociations avec les Etats-Unis en Arabie saoudite.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a appelé, dans un message sur les réseaux sociaux, dimanche, à « pousser » son homologue russe, Vladimir Poutine, « à donner un véritable ordre pour arrêter les frappes ». « Celui qui a déclenché cette guerre doit la finir », a-t-il dit. « Il est clair pour tout le monde que la Russie est la seule à faire durer cette guerre » et « sans pressions, ils continueront à Moscou à mépriser la véritable diplomatie et à détruire des vies ».
A l’issue des discussions avec les Américains, Rustem Umerov a dit que « des points-clés, notamment l’énergie », avaient été abordés, rappelant l’objectif ukrainien d’obtenir une « paix juste et durable ».
Commentant les pourparlers prévus lundi avec les Russes, l’émissaire spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, s’est montré optimiste, disant s’attendre à de « vrais progrès », « particulièrement en ce qui concerne un cessez-le-feu en mer Noire sur les navires entre les deux pays ». « Et, à partir de cela, on se dirigera naturellement vers un cessez-le-feu total », a dit l’émissaire américain.
L’Ukraine se dit « prête » à un cessez-le-feu « général » et sans conditions. Mais Vladimir Poutine, dont l’armée avance sur le terrain malgré de lourdes pertes, semble jouer la montre, tant que ses hommes n’ont pas expulsé les troupes ukrainiennes de la région russe frontalière de Koursk. A ce stade, le Kremlin assure s’être uniquement mis d’accord avec Washington sur un moratoire concernant les bombardements des infrastructures énergétiques.
Son porte-parole, Dmitri Peskov, a d’ores et déjà tempéré les attentes autour des discussions de lundi. « Il s’agit d’un sujet très complexe et il y a beaucoup à faire », a souligné M. Peskov, estimant que les négociations seraient « difficiles ». « Nous n’en sommes qu’au début. »
L’Ukraine a repris un village dans l’Est
Malgré l’accélération des efforts en vue de rapprocher les vues des belligérants sur les moyens de parvenir à un cessez-le-feu dans la guerre déclenchée par l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, les combats se poursuivent avec des frappes meurtrières en Ukraine et en Russie.
Les autorités ukrainiennes ont fait état dans la nuit de dimanche à lundi de frappes touchant les régions de Kiev, Kharkiv (Est) et Zaporijia (Est), faisant plusieurs blessés, au lendemain de bombardements meurtriers sur la capitale.
L’armée ukrainienne a annoncé dimanche avoir repris le petit village de Nadiïa, dans la région orientale de Louhansk, un succès rare pour les militaires ukrainiens dans cette zone quasi entièrement contrôlée par la Russie. Les forces russes ont, elles, déclaré s’être emparées de la localité de Sribne, également dans l’est de l’Ukraine.
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Symbole des divergences à combler pour arriver à une trêve, la délégation ukrainienne est emmenée par le ministre de la défense, tandis que la délégation russe est formée d’un sénateur ex-diplomate de carrière, Grigori Karassine, et de Sergueï Besseda, un cadre du FSB, les services de sécurité.
Autre différence notable : Dmitri Peskov a affirmé que « le principal » sujet de discussion avec les Américains serait « la reprise » de l’application de l’accord céréalier en mer Noire, omettant de mentionner un éventuel engagement concernant la suspension des combats, limité ou sans conditions.
Cet accord, en vigueur entre juillet 2022 et juillet 2023, avait permis à l’Ukraine d’exporter ses céréales, vitales pour l’alimentation mondiale, malgré la présence de la flotte russe dans la zone. La Russie s’en est ensuite retirée, accusant les Occidentaux de ne pas respecter leurs engagements censés assouplir les sanctions sur les exportations russes de produits agricoles et d’engrais.
Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a repris contact avec Vladimir Poutine, rompant avec la politique d’isolement menée par les Occidentaux contre le président russe.