Face au « climat d’impunité » actuel, l’ONU a réclamé, mardi 23 avril, des enquêtes internationales indépendantes après la découverte de fosses communes dans les deux principaux hôpitaux de la bande de Gaza. Dans un communiqué, le haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Volker Türk, s’est dit « horrifié » par la destruction des deux plus grands établissements hospitaliers de l’enclave, l’hôpital Al-Shifa à Gaza et du complexe médical gouvernemental Nasser à Khan Younès.
Il a ainsi demandé que des « enquêtes indépendantes, efficaces et transparentes soient menées », ajoutant que : « compte tenu du climat d’impunité qui prévaut, des enquêteurs internationaux devraient être associés à cette démarche ». « Les hôpitaux ont droit à une protection très spéciale en vertu du droit humanitaire international », a-t-il poursuivi. « Et tuer intentionnellement des civils, des détenus et d’autres personnes considérées “hors de combat” est un crime de guerre. »
Les hôpitaux de la bande de Gaza ont été durement visés durant l’opération militaire que mène l’armée israélienne dans le territoire palestinien depuis l’attaque meurtrière perpétrée en Israël le 7 octobre 2023 par des combattants du Hamas venus de Gaza. Selon Israël, le mouvement islamiste palestinien a utilisé les hôpitaux afin de mener des attaques, et de cacher des tunnels et des armes. Le Hamas a démenti ces accusations.
« Les victimes auraient été enterrées profondément dans le sol et recouvertes de déchets »
Lundi, la défense civile de la bande de Gaza a affirmé avoir exhumé en trois jours environ 283 corps de personnes tuées et enterrées par les forces israéliennes dans des fosses communes à l’intérieur de l’hôpital Nasser de Khan Younès. Quant à l’hôpital Al-Shifa, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déclaré début avril qu’il avait été réduit à une « coquille vide » jonchée de dépouilles humaines par la dernière opération israélienne.
Le haut-commissariat de l’ONU tente de vérifier le chiffre du nombre de morts découverts à l’hôpital Nasser. « Les victimes auraient été enterrées profondément dans le sol et recouvertes de déchets », a déclaré lors d’un point de presse une porte-parole du haut-commissariat, Ravina Shamdasani, ajoutant que des personnes âgées, des femmes et des blessés figuraient parmi les morts. D’autres auraient été « retrouvés les mains liées et sans vêtement ».
Elle a par ailleurs déclaré que le chiffre avancé par l’armée israélienne de quelque deux cents personnes tuées lors du dernier assaut contre l’hôpital Al-Shifa, entre le 18 mars et début avril, pouvait être « sous-estimé ». A ce jour, a-t-elle dit, « nous ne pouvons pas corroborer les chiffres exacts » des personnes tuées dans les deux hôpitaux : « C’est la raison pour laquelle nous insistons sur la nécessité d’enquêtes internationales. »