La main noire de la Mafia italienne a-t-elle des ramifications en Corse ? C’est le fil rouge de l’enquête conjointe menée par les justices française et italienne, qui ont agi de concert en suivant les traces sanglantes de la cavale dans l’île de Marco Raduano, chef de la Societa Foggiana, une organisation criminelle nichée dans les Pouilles, une région du sud-est de l’Italie.
Mercredi 4 décembre, quatre hommes ont été interpellés dans la région bastiaise et placés en garde à vue sur commission rogatoire d’un magistrat de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille, dans le cadre de l’instruction sur l’assassinat d’un militant nationaliste proche du milieu, Paul-Félix Paoli, survenu le 24 août 2023 en Haute-Corse.
Dans le même temps, dix personnes soupçonnées d’être en lien avec le mafieux Marco Raduano, étaient appréhendées sur ordre de la direction du district antimafia à Nuoro et à Sassari, en Sardaigne, ainsi qu’à Venise.
Le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, a confirmé au Monde le fait que ces opérations aient été menées « conjointement », sans révéler le fond d’un dossier tentaculaire.
Ce qui le relie à la Corse, c’est la cavale effrénée de Marco Raduano dit « Faccia d’angelo » (« gueule d’ange ») à la tête d’une organisation qui est, selon la justice, la « quatrième Mafia » italienne et, depuis, sous les verrous.
Présenté comme le « commanditaire, l’organisateur et le tueur sans pitié du groupe », M. Raduano était activement recherché depuis son évasion retentissante de la prison de haute sécurité de Nuoro, en Sardaigne, le 24 février 2023. Pendant une année, le criminel s’est réfugié en Espagne, dans le nord de la Sardaigne ou en Corse.
C’est là qu’il avait été arrêté, le 1er février 2024 à Aléria, alors qu’il dînait en compagnie d’une jeune femme. Il avait été livré à la justice de son pays et poursuivi. Un mois plus tard, le mafieux décidait d’embrasser le statut de repenti et de faire des déclarations afin de bénéficier de la clémence de la justice – bien qu’il ait du sang sur les mains –, comme le permet la loi dans la péninsule qui donne un semestre aux mafieux pour décider s’ils veulent ou non collaborer avec la justice. « Son statut est en train d’être consolidé », précise une source judiciaire.
Aveux tombés du ciel
Les détails de sa cavale ont été révélés mardi 4 décembre, lors d’une conférence de presse des autorités italiennes à Nuoro, relayée par l’agence de presse italienne ANSA. « Dans ses confessions, Marco Raduano évoque le réseau qui lui a permis de vivre discrètement en Corse mais aussi l’homicide de Paul-Félix Paoli », assure une source proche du dossier. Les enquêteurs s’attachent aujourd’hui à évaluer son degré de participation et à corroborer ses dires quant à la participation d’autres suspects.
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