Il aura fallu près de quatre ans pour obtenir une audience. Le tribunal administratif de Clermont-Ferrand s’est enfin penché, mardi 3 décembre, sur un recours collectif lancé le 28 janvier 2021 par France Nature Environnement Auvergne-Rhône-Alpes (FNE AURA), FNE Haute-Loire, l’Association des usagers des transports d’Auvergne et SOS Loire vivante contre l’arrêté préfectoral du 28 octobre 2020 autorisant l’aménagement du tronçon de la RN 88. Cette rocade vise à contourner en Haute-Loire, au nord du Puy-en-Velay, les bourgs de Saint-Hostien et du Pertuis. Les travaux ont débuté en 2021.
Les quatre associations contestent notamment la destruction, pour la construction de cette déviation à deux fois deux voies de 10,7 kilomètres, dont la déclaration d’utilité publique date de 1997, de 190 hectares d’espaces naturels, forestiers et agricoles, abritant 105 espèces protégées et plus de 25 ha de zones humides. « Il y a une nette disproportion entre la taille de la déviation qui ne fait que 10,7 km et l’ampleur des impacts environnementaux, explique Martine Chatain, vice-présidente de FNE AURA. Les mesures compensatoires proposées sont en outre sans objectif chiffré, ce qui rend impossible leur évaluation. Or, il y a des obligations de résultat en matière de compensation », poursuit-elle, insistant également sur le caractère très disséminé des sites de compensation proposés. « Les écosystèmes ne fonctionnent pas de façon isolée, mais les uns en relation avec les autres », rappelle-t-elle.
Les associations contestent également l’intérêt public majeur du projet et l’absence de solutions alternatives, deux conditions nécessaires pour obtenir une dérogation à la destruction d’espèces protégées.
La préfecture de la Haute-Loire et la région estiment que cet axe reliant Lyon à Toulouse et emprunté par des files ininterrompues de voitures et de camions est essentiel pour le désenclavement du département et qu’il pose en l’état des questions de sécurité. Il s’agirait ainsi « d’une route douze à treize fois plus accidentogène que la moyenne départementale », selon l’avocat de la région, Me Ludovic Cuzzi, notamment en raison d’une forte pente, ce qui justifierait la construction du contournement.
Nuisance sonore et pollution de l’air
« Il ne faut pas comparer aux autres routes du département, mais aux autres routes de moyenne montagne », fait valoir l’avocat des associations Me Mathieu Victoria, qui estime au contraire que la RN 88 ne présente pas actuellement de dangerosité particulière et que la déviation en construction, qui portera la vitesse limite autorisée à 110 km/h, sera in fine plus dangereuse.
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