Elle dépeint son départ, presque avec le romanesque d’une fugue : « Je suis partie sur un coup de tête, sans billet retour. » En cette mi-mai 2019, c’est vers Khartoum, la capitale du Soudan, que s’est envolée Hind Meddeb. La chute du dictateur Omar Al-Bachir, renversé le mois précédent par un coup d’Etat, ouvrait un de « ces moments de flottement » que la documentariste franco-tunisienne affectionne : un soulèvement populaire, une police moins restrictive, des possibles qui s’ouvrent.
« Là-bas, ce n’était pas comme la place Tahrir [au Caire] ou l’avenue Bourguiba [à Tunis] », explique celle qui a filmé ces deux artères au cœur des « printemps arabes » pour ses films Electro Chaâbi (2013) et Tunisia Clash (2015). Au Soudan, elle est « arrivée en plein sit-in, près du quartier présidentiel ». « C’était une ville dans la ville, une véritable cité utopique, avec son QG d’artistes, sa clinique, son école pour les enfants des rues, sa bibliothèque avec 5 000 livres en libre-service », décrit-elle. Elle en a tiré un documentaire, Soudan, souviens-toi, en salle le 7 mai.
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