Les zones à faibles émissions (ZFE) se réduisent comme peau de chagrin. Exit Marseille, Strasbourg et Rouen. A l’issue du comité ministériel sur la qualité de l’air en ville organisé, mardi 19 mars, au ministère de la transition écologique, trois nouvelles agglomérations sont libérées de toute obligation de poursuivre le déploiement des interdictions des véhicules les plus polluants sur leur territoire.
L’amélioration de la qualité de l’air entre 2022 et 2023 dans ces trois métropoles ne justifie plus qu’elles passent à l’étape suivante, explique l’exécutif. En juillet 2023, sept métropoles (Nice, Grenoble, Toulouse, Montpellier, Reims, Saint-Etienne et Clermont-Ferrand) avaient déjà été exemptées de mesures de restriction de circulation supplémentaires.
Seules Paris et Lyon sont désormais considérées comme des « territoires ZFE effectifs », selon la nouvelle terminologie du ministère de la transition écologique, et restent dans l’obligation de mettre en œuvre la prochaine étape du calendrier : l’interdiction, au 1er janvier 2025, des véhicules classés Crit’Air 3, à savoir les voitures diesel de plus de 14 ans et les voitures essence de plus de 19 ans. Une catégorie qui représente un peu plus de 20 % du parc automobile français.
A l’instar de ses homologues de Marseille et Strasbourg, le maire socialiste de Rouen et président de la Métropole Rouen-Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol, accueille cette annonce avec satisfaction (« On est en train de gagner la bataille contre la pollution de l’air ») et soulagement (« On s’évite le couperet du 1er janvier 2025 qui aurait été une bombe sociale absolue »). Avec les Crit’Air 3, c’est au total 35 % des véhicules de la métropole rouennaise qui auraient été concernés par des restrictions de circulation.
« Le gouvernement a acheté la paix sociale »
« Le gouvernement a acheté la paix sociale à Marseille, Strasbourg et Rouen », réagit Daniel Guiraud, vice-président (PS) de la métropole du Grand-Paris et du conseil départemental de Seine-Saint-Denis. Prévue initialement en 2022, l’interdiction des Crit’Air 3 a déjà été repoussée à deux reprises par la Métropole du Grand-Paris. « Trois ans de retard, c’est énorme au regard des enjeux sanitaires », estime M. Guiraud.
L’élu considère que la ZFE restera « virtuelle » tant que deux conditions ne seront toujours pas remplies : la verbalisation automatique – qui devrait enfin arriver en 2025 – et un renforcement des aides sociales pour permettre au foyer les plus modestes de changer de véhicules. « Sans prêt à taux zéro garanti par l’Etat, les banques ne prêteront pas aux ménages pour absorber le reste à charge », observe Daniel Guiraud.
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