Certains labourent leur champ pour y semer des graines, lui ensemence la terre de pelletées de mots fertiles. Hubert Colas, auteur, metteur en scène et scénographe, a fait des écritures contemporaines le sujet monomaniaque de son attention. Né en 1957, fondateur, en 1988, de la compagnie Diphtong, il a dû, voici un an, se résoudre à quitter son lieu de travail situé dans le centre-ville de Marseille. Créé en 2000, Montevideo était un centre d’art où se croisaient plasticiens, performeurs, musiciens, poètes ou dramaturges. Un point de convergence pour auteurs sur le qui-vive et, le plus souvent, en devenir.
La perte du bâtiment (récupéré par son propriétaire) n’a pas stoppé la mission que s’est fixée l’artiste. Désormais replié au couvent de la Cômerie (« La ville nous loue l’espace pour un loyer dérisoire, mais nous avons perdu, en cours de route, des partenaires financiers et des salles de représentation »), Hubert Colas persiste à cultiver son sillon. Les textes des auteurs vivants sont sa boussole et son viatique : « Nous vivons environnés de bruits. Les réseaux, la surenchère des informations, les fake news : le brouhaha est permanent. » Faire entendre le théâtre, la littérature ou le poème (catégorisations qu’il estime par ailleurs « obsolètes »), c’est permettre le jaillissement de sons de cloche alternatifs et lutter, au passage, contre l’appauvrissement de la langue.
Il vous reste 73.99% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.