Dans la galaxie gravitant autour du « gourou » complotiste et séditieux Rémy Daillet, ils appartiennent à la famille néonazie. Regroupés au sein ou autour d’une association intitulée Honneur et Nation, ils partagent une même détestation des juifs et des francs-maçons. Huit d’entre eux, sept hommes et une femme, sont renvoyés devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour « association de malfaiteurs terroriste » pour avoir envisagé et préparé l’attaque d’une loge maçonnique dans l’est de la France, en 2021. Leur procès devait débuter, mardi 4 février, dans l’après-midi.
Les services de renseignement ont mis Honneur et nation et ses membres sous surveillance probablement depuis sa création, en 2019, en pleine ébullition consécutive au mouvement des « gilets jaunes ». Ce groupe a fait l’objet d’un signalement à l’autorité judiciaire par Tracfin, le service de renseignement du ministère des finances, dès le dépôt de ses statuts : la charte du mouvement posait, en effet, comme condition « d’être d’origine française ou européenne de souche » pour y adhérer.
En février 2021, la direction générale de la sécurité intérieure, le service de contre-terrorisme intérieur, estimant que la menace d’une action violente se précisait – une écoute évoque les dates des 14 et 15 juin 2021 –, a effectué un signalement au Parquet antiterroriste relatif à un projet d’attentat par plusieurs membres d’Honneur et nation. Une enquête préliminaire était ouverte le 17 février 2021. Trois d’entre eux étaient interpellés et mis en examen le 7 mai 2021.
Mitrailleuses allemandes
Denis L. et Valérie D., alors âgés de 56 ans, qui se sont rencontrés sur le réseau social russe VK, ont mentionné l’influence de Rémy Daillet, un youtubeur complotiste et antivax installé en Malaisie, dont l’audience allait crescendo après son appel à un « renversement du gouvernement français », en pleine crise sanitaire liée au Covid-19, le 17 octobre 2020. Le « projet Alsace », nom de code du projet d’attentat d’Honneur et nation contre une cible maçonnique, n’est pas le fruit de la volonté de Rémy Daillet. Mais ce dernier l’a soutenu et encouragé. Parallèlement, M. Daillet est poursuivi pour le « plan Azur », un projet d’action violente destinée à renverser le gouvernement français ; ainsi que pour « l’opération Lima », qui a consisté à enlever une enfant mineure placée chez ses grands-parents, Mia, du 13 au 18 avril 2021, pour la remettre à sa mère, qui en avait perdu la garde, sur fond d’idéologie QAnon – qui prétend que les hauts responsables de l’Etat se livrent à des pratiques pédophiles, cannibales et sataniques.
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