L’ONG Human Rights Watch a estimé mardi 23 septembre que les expulsions par les Etats-Unis de détenus vers des pays africains dans le cadre « d’accords opaques » violaient le droit international et devaient être rejetées.
L’Eswatini, le Ghana, le Rwanda et le Soudan du Sud ont accepté ces derniers mois des personnes expulsées par les Etats-Unis dans le cadre d’un programme de l’administration du président Trump visant à renvoyer des migrants sans papiers.
HRW a indiqué avoir pris connaissance de l’accord conclu entre les Etats-Unis et le petit royaume africain d’Eswatini, qui n’a pas été rendu public et prévoit une aide financière de 5,1 millions de dollars pour renforcer ses capacités en matière de gestion des frontières et de migrations.
En contrepartie, l’Eswatini a accepté d’accueillir jusqu’à 160 personnes, assure l’ONG dans un communiqué. En juillet, le royaume a accepté cinq ressortissants cubains, jamaïcains, laotiens, vietnamiens et yéménites qui avaient été condamnés pour des crimes aux Etats-Unis. Il les a incarcérés dans une prison de haute sécurité de Matsapha, tristement célèbre pour détenir des prisonniers politiques et pour sa surpopulation.
Violation du droit international
Des avocats et des groupes de la société civile d’Eswatini ont saisi la justice pour contester la légalité de ces détentions et exiger du gouvernement qu’il rende publics les termes de son accord avec Washington.
HRW a déclaré avoir également pris connaissance de l’accord conclu avec le Rwanda, qui aurait accepté d’accueillir jusqu’à 250 personnes, et qui prévoit une aide financière américaine d’environ 7,5 millions de dollars. « Les accords opaques qui facilitent ces transferts (…) s’inscrivent dans une approche politique des Etats-Unis qui viole le droit international (…) et vise à instrumentaliser la souffrance humaine comme moyen de dissuasion de la migration », a déclaré HRW.
L’organisation a exhorté les gouvernements africains à refuser d’accepter les personnes expulsées des Etats-Unis et à annuler les accords déjà en vigueur. « Ces accords font des gouvernements africains les complices des violations horribles des droits humains des immigrants commises par l’administration Trump », a déclaré Allan Ngari, directeur du plaidoyer à HRW.
Les pays concernés devraient « divulguer les termes de ces accords, autoriser l’accès à des observateurs indépendants et s’abstenir de détenir des personnes expulsées en l’absence de base juridique claire », a-t-il ajouté. Ils devraient également veiller à ce qu’aucune de ces personnes ne soit renvoyée dans son pays d’origine s’il existe des preuves qu’elle pourrait y être victime de maltraitance, a ajouté l’ONG.