OCS – VENDREDI 27 DÉCEMBRE À 20 H 50 – FILM
Alors qu’ils étaient censés s’entretuer pour que le dernier debout remporte la victoire, Katniss (Jennifer Lawrence) et Peeta (Josh Hutcherson) sont sortis vainqueurs des Hunger Games, jeux nationaux organisés par le gouvernement du Capitole, en décidant de se suicider ensemble. Ce triomphe peu protocolaire a fait d’eux des héros, mais surtout une menace pour le Capitole : les populations opprimées des différents districts de Panem ont trouvé dans leur geste subversif l’élan qu’il manquait à leur désir de révolte. La menace d’une insurrection grandit, et voilà Katniss et Peeta à nouveau au cœur de la tourmente.
Après le premier Hunger Games, sorti en 2012, le réalisateur Francis Lawrence (Je suis une légende, 2007) prend la suite de Gary Ross pour adapter le deuxième tome de la série romanesque à succès de Suzanne Collins. Toujours un peu loin de l’enjeu passionnant que devrait constituer la population anonyme des districts, ce deuxième opus n’est pas encore tout à fait à la hauteur de son potentiel. Il est parfois un peu léger dans son questionnement sur les rapports complexes entre les dirigeants et la foule, la manipulation médiatique et l’équilibre universel à la romaine du Panem et circenses des jeux du cirque.
Excellente matière à débat
Même incomplet, le questionnement politique que propose Hunger Games. L’embrasement reste une excellente matière à débat et un pont tout à fait valable vers l’approfondissement cinématographique et littéraire du sujet. Il confirme l’écrasante suprématie de la saga sur l’ensemble contrasté (et, parfois, consternant) des grosses productions pour adolescents et jeunes adultes (Twilight, Les Ames vagabondes, Sublimes créatures…).
Francis Lawrence a l’intelligence de faire porter sa réflexion jusque sur certains détails a priori assez vides de sens. Le costume, par exemple, prend place au cœur de l’exposition des manipulations médiatiques, objet d’un questionnement intéressant sur le rôle du vêtement comme messager universel, et les passerelles étonnantes de l’accessoire au subversif : parce qu’il a aidé à construire, puis à faire grandir le personnage médiatique de Katniss, le couturier Cinna, pourtant adulé par les nantis de Panem, est voué à être perçu par le Capitole comme une menace.
Ajoutons à cela une mise en scène efficace, des rôles secondaires intéressants (la glaçante et touchante Effie, jouée par Elizabeth Banks), des acteurs investis et sérieux. Outre le vétéran Philip Seymour Hoffman dans le rôle du nouveau metteur en scène des Hunger Games, la petite bande des jeunes acteurs se tient bien, y compris dans ses partis pris les moins séduisants. Josh Hutcherson est et reste un Peeta réaliste dans son manque de carrure, et la belle Jennifer Lawrence continue de s’en tenir rigoureusement à son improbable charisme : froide, brusque, têtue, moralement incertaine − à la limite de l’antipathie.
Rien de tout cela ne relève du chef-d’œuvre, mais l’ensemble reste cohérent, solide, bien pensé… A partager avec un adolescent en mal de divertissement intelligent.
Hunger Games. L’embrasement, film de Francis Lawrence (EU, 2013, 146 min). Avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson.