Pendant longtemps, les hommes avaient tendance à épouser des femmes moins instruites.
L’accès aux études supérieures pour les femmes a changé la donne.
Aujourd’hui, de plus en plus de femmes épousent des hommes aux diplômes inférieurs, c’est ce qu’on appelle l’hypogamie.
Autrefois, il était courant pour les hommes d’épouser des femmes moins diplômées qu’eux. Mais il est loin le temps où les femmes se posaient avec des hommes bardés de diplômes et comptaient sur eux pour assurer le confort matériel du foyer. En effet, selon des chercheurs américains, les femmes d’aujourd’hui sont désormais plus « susceptibles d’épouser des hommes moins diplômés que l’inverse« , explique le magazine The Atlantic (nouvelle fenêtre), qui relaie les travaux de Christine Schwartz, professeure de sociologie à l’Université du Wisconsin.
La loi de l’offre et la demande
Cette tendance à épouser un homme au statut social « inférieur » que le sien a un nom : l’hypogamie. Un mot peu usité contrairement à sa variante « hypergamie » qui désigne le fait, pour un homme, d’épouser une femme moins instruite. Ce qui a été le cas, dans nos sociétés, pendant de nombreuses décennies. Selon les calculs de Christine Schwartz, aux États-Unis, la proportion de couples qui partagent un niveau d’éducation identique est passée de 47% dans les années 2000 à 44,5% en 2020. Et, si l’on zoome dans le détail, 62% étaient hypogames en 2020. À titre de comparaison, ils étaient 39% en 1980. Cette tendance ne concerne pas uniquement les Américains puisque, The Atlantic explique que « l’hypogamie est de plus en plus courante dans le monde entier« . Alors qu’est-ce qui a changé ? D’une part, l’explication du côté de « l’offre et la demande ». Aux États-Unis, on trouve plus de femmes que d’hommes sur les bancs de la fac. Si le nombre de mariages reste stable chez les femmes diplômées, en revanche, il y a plus de couples hypogames, car, comme le souligne Clara Chambers, chercheuse associée à l’université Yale à New Haven à The Atlantic : les femmes « se tournent vers des hommes sans diplôme, faute d’un nombre suffisant d’hommes » avec le même niveau d’étude équivalent.
Moins de diplôme ne signifie pas moins d’argent pour les hommes
Les économistes notent que ce n’est pas parce que le mari a un diplôme ou un statut social inférieur qu’il ne possède pas de revenu pour subvenir aux besoins du foyer. Au contraire, les hommes conservent toujours un avantage économique et, dans certaines situations, c’est même le revenu du mari, moins diplômé, qui permet à l’épouse de poursuivre ses études supérieures. Problème : pendant qu’elles étudient, les hommes, eux, fondent par exemple leur société, grimpent les échelons dans les entreprises. Et, lorsqu’elles terminent leurs études, obtiennent leur diplôme, elles se retrouvent finalement à s’occuper des enfants à la maison. C’est là, toute la contradiction de nos sociétés modernes. La professeure à l’université de Vienne, Nadia Steiber, ajoute, par ailleurs, une donnée : « Les hommes moins diplômés ont tendance à avoir des visions plus traditionnelles du genre, ce qui pourrait suggérer que les femmes très diplômées qui les épousent partagent également ces visions« . L’égalité homme/femme est donc loin d’être acquise.