« Une finale ça ne se joue pas, ça se gagne », dixit le footballeur Paul Pogba. Un mantra que la joueuse de tennis Iga Swiatek pourrait reprendre à son compte. La Polonaise a remporté, samedi 12 juillet, son premier tournoi de Wimbledon en battant en moins d’une heure l’Américaine Amanda Anisimova sans perdre un seul jeu (6-0, 6-0). C’est son sixième titre du Grand Chelem en autant de finales disputées.
L’opposition de style entre la cogneuse américaine et la contreuse polonaise promettait un match disputé, mais il n’en a rien été, à la grande déception du public londonien. Entre ces deux joueuses, qui ne s’étaient encore jamais affrontées en match officiel, le combat a tourné court. Inhibée par la pression de l’événement, prise d’emblée à la gorge par son adversaire, la numéro douze mondiale n’a pas existé dans cette finale.
Aucune joueuse n’avait remporté Wimbledon sur un tel score depuis la Britannique Dorothea Douglass Chambers en 1911. Déjà, en demi-finales, la native de Varsovie avait été expéditive face à la Suissesse Belinda Becic, expédiée en deux sets secs (6-2, 6-0) et une heure et douze minutes. A 24 ans, Iga Swiatek remporte son premier tournoi depuis son quatrième sacre à Roland-Garros en 2024. « Cela semble complètement irréel, a-t-elle déclaré après le match. Honnêtement, je n’ai pas rêvé de ce moment, c’était bien trop inaccessible ! »
« Tu es une joueuse incroyable »
« Tu es une joueuse incroyable et cela s’est vu aujourd’hui. Tu es une source d’inspiration pour moi », a déclaré Anisimova après le match, au bord des larmes. « J’ai passé une quinzaine incroyable, a-t-elle ajouté, sous les yeux de la princesse Kate Middleton, l’épouse du prince héritier William, même si j’ai manqué de carburant aujourd’hui et que j’aurais aimé faire une meilleure performance. Je vais continuer à travailler et j’espère revenir ici un jour. » Malgré cette défaite brutale, Amanda Anisimova a été ovationnée par le public londonien.
Au tour précédent, elle avait difficilement battu (6-4, 4-6, 6-4) la Biélorusse Aryna Sabalenka, la grande rivale d’Iga Swiatek, qui l’a délogée du trône de numéro une mondiale en 2024. Se retrouver en finale représentait déjà une victoire en soi pour la Floridienne, frappée par la perte brutale de son père et entraîneur en 2019, et par les années de dépression qui ont suivi, jusqu’à son retrait du circuit pour mieux se régénérer en 2023.
Dès l’entame de la finale, Iga Swiatek a mis Amanda Anisimova sous pression par la qualité de ses retours. Sa tactique était claire : empêcher l’Américaine de s’installer dans l’échange pour qu’elle ne puisse pas utiliser son puissant revers, son arme principale avec son retour de service. Constamment acculée, obligée de prendre des risques, la native de Freehold, dans le New Jersey, a multiplié les fautes grossières, notamment au service.
Avant tout considérée comme une « terrienne » – elle a gagné Roland-Garros en 2020, 2022, 2023 et 2024 –, Iga Swiatek ne faisait pas partie des favorites du tournoi londonien. Faute de référence significative sur herbe, les organisateurs de Wimbledon l’avait d’ailleurs classée tête de série numéro huit alors qu’elle est quatrième mondiale. C’est pourtant elle qui a soulevé samedi le Venus Rosewater Dish, le trophée du simple dames à Wimbledon depuis 1886.
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Iga Swiatek est la neuvième lauréate différente du tournoi londonien en neuf éditions. Depuis que Serena Williams a gagné pour la septième et dernière fois au All England Club en 2016, Wimbledon a systématiquement été remporté par des joueuses qui n’avaient encore jamais triomphé sur le gazon londonien.
Impériale au service
Après avoir nettement dominé le circuit féminin au premier semestre 2024, Iga Swiatek a traversé des moments difficiles au début de 2025, battue par Aryna Sabalenka en demi-finales à l’Open d’Australie et à Roland-Garros. Fin 2024, la Polonaise avait été suspendue un mois à la suite d’un contrôle positif en 2024 à la trimétazidine, une substance interdite. Une véritable épreuve pour elle. « Il y a eu beaucoup de larmes et de nuits sans sommeil. C’est l’expérience la plus difficile de ma vie jusqu’à présent », a-t-elle déclaré.
L’origine de la contamination a finalement été reconnue comme accidentelle par les autorités antidopage. Iga Swiatek a expliqué qu’elle avait pris un médicament en vente libre en Pologne contenant de la mélatonine afin de lutter contre des insomnies liées au décalage horaire.

Samedi, la Polonaise a été supérieure à son adversaire dans tous les compartiments du jeu, et notamment dans sa couverture de terrain. Plus inattendu, Iga Swiatek a également été impériale au service, un compartiment du jeu qu’elle a travaillé depuis le début de l’année avec son coach, le Belge Wim Fissette. La période de réglages a duré plusieurs mois, mais elle en récolte les fruits, étant désormais capable de servir régulièrement au-dessus de 185 km/h. Depuis le set perdu au deuxième tour contre l’Américaine Catherine McNally (5-7, 6-2, 6-1), elle n’a plus été inquiétée sur son engagement.
Première Polonaise de l’ère Open (inaugurée en 1968) à gagner Wimbledon, elle est assurée lundi de remonter au troisième rang du classement WTA. Elle devient au passage la plus jeune joueuse à s’imposer sur les trois surfaces des tournois du Grand Chelem depuis l’Américaine Serena Williams, à vingt ans, en 2002.