Après plusieurs campagnes décevantes de recrutement des enseignants, et alors que sont ouvertes les inscriptions aux concours pour 2026, on sait que les chantiers sont nombreux pour essayer de séduire de bons étudiants. Pour une fois, ne parlons pas d’argent, mais de redonner du poids à la parole du professeur, qui ne doit pas s’excuser de transmettre des savoirs.
Lorsque je suis entré dans le métier à la fin des années 1980, le cours magistral était déjà considéré comme une honte pédagogique. Par « cours magistral », on entendait que le professeur exerçait son magistère et transmettait de manière verticale son savoir. Les élèves – qu’on n’appelait pas encore des « apprenants » – devaient recevoir le savoir transmis par le professeur et faire au mieux avec cette somme de connaissances.
Au passage, lors des évaluations, le professeur qui dispensait son savoir ne se préoccupait pas beaucoup de pédagogie encourageante, et il avait souvent la main lourde quand il notait. Je me souviens, en début de carrière, d’avoir été effaré de lire sur un bulletin qu’un élève que je savais de qualité n’avait que 13,5 de moyenne en français, et pourtant, le collègue écrivait de manière laconique : « Excellent trimestre ».
Il était temps que les choses changent. Un célèbre dessin de Plantu, à l’époque, montrait en contre-plongée, un minuscule élève qui, en regardant vers le haut, osait dire à son professeur : « Vous savez, il y a d’autres méthodes pédagogiques. »
« Cours dialogué »
Les professeurs de sciences économiques et sociales (SES), de par la jeunesse de cette matière créée à la fin des années 1960 et des effectifs relativement peu âgés, étaient volontaires pour s’éloigner du cours magistral. Tout d’abord, on donnait beaucoup de documents et de questions aux élèves, qui pouvaient répondre à nos questions, d’où l’expression de « cours dialogué ».
On se sentait plutôt dans le coup de la modernité, mais il ne faut pas exagérer le côté novateur de cette méthode. On n’était pas si loin du cours magistral, simplement, les élèves plus motivés échangeaient vraiment avec le professeur. Beaucoup d’autres attendaient que le cours se passe et faisaient confiance aux plus actifs pour masquer leur passivité.
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