Le long des côtes françaises, l’équivalent d’un terrain de football disparaît chaque semaine à cause de la montée des eaux.
Ce grignotage concerne déjà 20% du littoral.
500 communes à risques ont été identifiées, certaines ont décidé de réagir pour repousser l’inévitable.
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Érosion du littoral : des milliers de logements menacés
Des pans entiers de falaises effondrés en quelques semaines sur la côte normande, des dunes censées protéger le littoral en Vendée, repoussées par des tempêtes à répétition, des centaines de mètres de plage engloutis par l’océan… Les côtes françaises doivent se battre face à l’érosion. Lacanau en Gironde en est un parfait exemple. « Quand j’étais gamin, à l’époque, on allait se baigner, on allait pêcher, mais même à marée haute, il fallait avancer sur la plage. Maintenant, il n’y a plus de plage », affirme Jean-Paul, surfeur, dans le reportage ci-dessus.
1046 bâtiments pourraient disparaître
Pour protéger la côte, la mairie a construit une digue il y a bientôt dix ans, sur 100 mètres de long, qu’il a fallu cette année rehausser. Montant du chantier : 1 million d’euros. Une solution à moyen terme, mais qui rassure les commerçants. « Le fait qu’il y ait des structures qui soient mises en place, qui permettent d’avoir un petit peu plus de plage, ça va permettre aux gens de pouvoir profiter d’autant plus. Car s’il n’y a plus de plage, il n’y a plus de tourisme, et donc plus de commerces. Repousser un tout petit peu l’inéluctable, c’est pas mal. Ça vous permet de travailler le plus longtemps possible. », assure Fabien Rousset, directeur du restaurant-bar « Café maritime ».
900 kilomètres de nos côtes sont aujourd’hui menacées, soit 20 % du littoral français, à cause des tempêtes de plus en plus violentes et de la hausse du niveau de la mer. D’ici à quatre ans, 1046 bâtiments pourraient disparaître, soit une perte totale de 240 millions d’euros. Des campings, des hôtels, des restaurants, mais aussi des résidences principales et secondaires sont concernés, comme à Fouesnant dans le Finistère. « Ma maison est dans un endroit inondable, donc je sais que ce patrimoine, il n’y en aura plus. Mais bon, c’est comme ça », déplore une habitante.
Un phénomène qui touche aussi bien la côte atlantique que la Méditerranée. Ainsi, à Vias, dans l’Hérault, la plage a quasiment disparu. Philippe Robert est propriétaire d’un camping en bord de mer depuis 25 ans. Il va devoir en partie le déplacer à l’intérieur des terres, comme une douzaine d’autres établissements de la commune. « Il faut m’expliquer où on va, dans quelles conditions, comment ça va fonctionner, qui va payer les travaux. Reconstruire un établissement, ça coûte une fortune », s’inquiète-t-il.
Pour protéger les quatre kilomètres de littoral, la mairie a déjà investi 2 millions d’euros sans aide de l’État dans une solution innovante : des filets installés non pas sur le sable, mais sous la mer. « C’est un procédé qui consiste à mettre dans la bande des 300 mètres des filets qui vont piéger le sable et reconstituer une dune, donc sous-marine, qui va casser l’effet de la vague lorsqu’elle arrive », explique Jordan Dartier, le maire.
Mais s’il y a des habitations menacées de submersion, d’autres risquent de s’effondrer par endroits. Le scénario ne semble pas si lointain. À Bidart, au Pays Basque, la côte rocheuse recule de 30 cm par an environ. Il y a trois ans, les tempêtes ont accéléré le phénomène. « On a une déstabilisation des sols et ça s’est écroulé. On a le mur d’enceinte de l’ancien corps de ferme qui s’est écroulé, qui est tombé », détaille Bruno Tisset, ingénieur géologue. Toutes les maisons qui valent en l’état plus d’un million d’euros ne seront sûrement plus habitables d’ici à 20 ans, comme l’emblématique route de la Corniche qui relie Ciboure à Hendaye. Près de 10 000 véhicules y circulent chaque jour. À l’horizon 2043, elle pourrait être condamnée. Une part du patrimoine basque pourrait ainsi disparaître.