En un an, les braquages de petits commerces ont augmenté de 11%.
Grandes villes comme villages sont concernés par ces attaques souvent traumatisantes.
Les commerçants cherchent des solutions, pour se protéger et se rassurer.
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Le 20H
La scène captée par la vidéosurveillance est choquante. Quelques minutes avant la fermeture, deux hommes font irruption dans la petite supérette de Fayence (Var), portant capuches, casquettes et masques. L’un d’eux brandit une arme de poing et menace le gérant, dont il maintient la tête sous son bras, forçant l’employé à ouvrir la caisse. « Il m’a dit ‘bouge pas, va à la caisse’« , témoigne Philippe Vendries en revoyant la séquence, qu’on peut retrouver dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus.
Le gérant et son employé choisissent de laisser faire les délinquants, qui s’emparent de la recette de la journée : tout juste 700 euros. Leur butin en poche, les deux braqueurs emmènent Philippe à l’extérieur, et le rouent de coups. « Il s’en prend à moi violemment », se souvient-il. Il se demande alors « pourquoi », redoutant que les deux hommes n’aillent plus loin. Ils prennent finalement la fuite, au terme d’une agression qui n’aura duré qu’une minute et demie. Gérant du seul supermarché de sa petite commune, il a rouvert aussitôt, mais pas sans inquiétude. « On est beaucoup plus méfiant, à la fermeture, on regarde toujours la sortie », de peur que la mésaventure ne se reproduise.
Des méthodes de prévention efficaces mais couteuses
Boulangeries, salons de coiffure, supérettes ou pharmacies, aucun commerce n’échappe à ce type de braqueurs, à la recherche d’argent liquide, même s’il s’agit de sommes relativement petites. Des attaques violentes, qui traumatisent leurs victimes, perpétrées la plupart du temps pour seulement quelques centaines d’euros. Elles valent théoriquement à leurs auteurs d’encourir jusqu’à 20 ans de prison et 150.000 euros d’amende. La gendarmerie nationale a enregistré environ 700 attaques analogues en 2023, soit une augmentation de 11% en un an.
Les commerçants cherchent des solutions, allant de la simple bombe lacrymogène pour se rassurer, à des dispositifs plus sophistiqués. Olivier a ainsi équipé ses boulangeries avec des caisses renforcées, que même les employés ne peuvent pas déverrouiller. Les billets sont inaccessibles, et le tiroir-caisse ne contient plus que des tickets-restaurant et des facturettes de cartes bleues. L’ensemble, solidement scellé, est supposé dissuader les braqueurs, mais le tout vaut très cher : plus de 20.000 euros, selon le gérant, qui se dit cependant satisfait par le dispositif.
Pour rassurer leurs commerçants, certaines villes viennent à leur aide grâce à des alarmes reliées directement à la police municipale, comme c’est le cas à Saint-Priest (Rhône). « En moins d’une minute, ils étaient là », salue un boulanger, dont les employées avaient actionné le bouton lors d’une agression verbale. La ville compte 400 caméras de surveillance, et peut analyser la situation rapidement depuis une salle de contrôle où parviennent les sonneries d’alarmes. Un opérateur envoie alors la patrouille la plus proche au secours des commerçants en difficulté. Un dispositif qui rassure, et est financé entièrement par la municipalité.