Après le suicide d’Evaëlle, 11 ans, en 2019, le procès de son ancienne professeure de français a débuté ce lundi au tribunal judiciaire de Pontoise.
Elle est soupçonnée de l’avoir régulièrement humiliée, des faits qu’elle a toujours niés.
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Le fléau du harcèlement scolaire
Près de six ans après le suicide de leur fille, les parents d’Evaëlle ont le sentiment d’être enfin entendus. Le principal du collège, en poste à l’époque des faits, vient de s’exprimer à la barre, alors que son ancienne professeure de français est jugée depuis ce lundi 10 mars pour harcèlement moral. « Ce qui commence un peu à nous soulager, c’est qu’il commence à reconnaître qu’il y a eu des défaillances. Il y a des choses qui ne vont pas bien, ça n’a pas bien été pris en compte », témoigne Marie Dupuis, la mère d’Evaëlle, dans le reportage ci-dessus.
Elle me dit que par moments, elle pleurait, qu’ils se moquaient d’elle
Elle me dit que par moments, elle pleurait, qu’ils se moquaient d’elle
Marie Dupuis, la mère d’Evaëlle
La collégienne avait 11 ans lorsqu’elle s’est suicidée dans sa chambre le 21 juin 2019. La jeune fille se plaignait depuis plusieurs mois du harcèlement que lui faisaient subir des élèves de son collège, mais également sa professeure de français. « Le sujet, c’est surtout que cette enseignante réalise qu’elle a commis des erreurs, réalise qu’elle a commis un harcèlement scolaire à l’égard d’Evaëlle et que ce harcèlement scolaire peut tuer », affirme Delphine Meillet, l’avocate des parents d’Evaëlle. Cette dernière racontait à ses parents son mal-être, lié à des remarques autoritaires et répétitives de son enseignante.
Rencontré en octobre dernier par les journalistes de « Sept à Huit », le couple insiste sur une scène, le jour où la professeure demande aux élèves de sa classe de poser toutes les questions qu’ils souhaitent à Evaëlle. « Elle me dit que par moments, elle pleurait, qu’ils se moquaient d’elle, que la professeure lui disait : ‘arrête de pleurer et répond aux questions' », détaille la mère de famille. « Là, on peut se poser la question : mais comment on peut laisser faire ça ? », se demande de son côté le père d’Evaëlle.
L’enseignante, interrogée, elle aussi, l’an dernier, a expliqué avoir voulu apaiser les tensions entre Evaëlle et ses camarades et se défend de tout harcèlement. « En aucun cas, ça n’était le procès d’Evaëlle. ‘Harceler’, ça voudrait dire que j’avais la conscience de blesser quelqu’un, que je le faisais tout le temps, que je le préparais », argumentait-elle.
La professeure, qui reste présumée innocente, doit s’exprimer ce mardi sur les faits qui lui sont reprochés. Poursuivie pour harcèlement envers Evaëlle et deux autres collégiens, elle encourt deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende.