La France s’apprête, par la voix de sa ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, à plaider auprès de la communauté internationale pour une protection des aires marines au « cas par cas », une position qui va à l’encontre de toutes les recommandations scientifiques internationales. La protection au « cas par cas » est celle qui est voulue par les lobbys de la pêche au chalut, c’est-à-dire la méthode la plus destructrice entre toutes, qui consiste à traîner des filets à travers l’eau ou sur le fond. Au lieu de soutenir la définition internationale de la protection marine, qui exige une interdiction des méthodes de pêche à fort impact dans les zones protégées, le gouvernement a choisi une approche qui consiste à maintenir un statu quo destructeur et des aires marines faussement protégées qui ne génèrent aucun bénéfice écologique ou économique pour le secteur lui-même. A l’heure de l’accélération du désastre climatique, c’est parfaitement inacceptable.
Accélération exponentielle de la vitesse de réchauffement des eaux du globe et des canicules marines, surexploitation massive des stocks de poissons par la pêche industrielle, effondrement de plus de 90 % des biomasses de grands poissons, élévation du niveau des mers, acidification, désoxygénation, affaiblissement des courants marins… tous les voyants scientifiques sont au rouge pour l’océan et la biodiversité.
L’océan capte jusqu’à 30 % de nos émissions de CO2 et a déjà absorbé plus de 90 % des excédents de chaleur générés par nos activités, mais sa capacité à réguler le climat mondial et à nourrir l’humanité est mise en péril par des pratiques destructrices. En premier lieu par la pêche industrielle, première cause de destruction de l’océan.
Mais il n’y a aucune fatalité. Nous disposons d’une arme pacifique puissante, facile et gratuite à mettre en œuvre pour protéger l’océan et freiner notre course vers l’abîme : les aires marines protégées. Les spécialistes du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité s’accordent sur l’urgence à développer des aires marines protégées pour faire face au dérèglement climatique et à l’effondrement de la biodiversité.
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