- À Toulouse, les commerçants subissent depuis plusieurs mois des vols récurrents commis par des enfants.
- Âgés de 10 à 15 ans, ils opèrent en groupe et s’emparent de téléphones, ordinateurs ou encore argent liquide.
- Un phénomène derrière lequel se cachent des réseaux très organisés.
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Le 20H
Impuissants et agacés. Devant leur écran, Sullivan et Guillaume regardent une scène qu’ils connaissent désormais par cœur : un vol commis par un mineur dans leur restaurant. « On le voit arriver, il fait son petit marché quelques secondes et il part tranquillement. Il part avec trois téléphones »
, montre Guillaume dans le reportage en tête de cet article.
Derrière ce vol se cache en réalité une bande d’enfants, âgés de 10 à 15 ans. En seulement un an et demi, à eux seuls, ils auraient volé une soixantaine de commerces. « On se sent impuissants, on a envie de leur dire que s’ils voient ces images, on recherche des cuisiniers en permanence.
On sera content de les former
, c’est accessible et on préférerait les voir dans les cuisines à travailler plutôt que sur la terrasse en train de saisir les opportunités de voler »
, assure le duo.
À chaque fois, un mode opératoire extrêmement rodé et des rues entières de commerçants victimes. Dans un magasin de prêt-à-porter, un vendeur a même surpris les auteurs. « Il y en a cinq qui s’enfoncent dans ma réserve derrière. Sans crier gare, ils se sont enfoncés ici à l’intérieur. Pendant ce temps-là, il y en avait un autre qui se tenait juste à côté de ma caisse là-bas »,
raconte le salarié. Le commerçant intervient, tente d’appeler la police, mais il est violemment pris à partie. « Une fois qu’ils ont compris ce que je faisais, ils ont été pris d’un mouvement de panique, m’ont bousculé et projeté au sol »,
ajoute-t-il.
Des voleurs qui défient les commerçants sans crainte de sanction. Mais alors, qui sont ces jeunes qui sévissent de jour comme de nuit ? Pour tenter de les arrêter, la police municipale a augmenté ses patrouilles. Les habitants, eux, sont interloqués par l’âge des auteurs. « C’est un peu surprenant, oui, ils sont très jeunes »
, s’étonne une riveraine. « Derrière, il y a certainement des gens qui leur donnent les éléments pour arriver à ça. C’est encore très organisé, bien plus organisé »
, estime de son côté un passant.
Une piste qui n’est pas écartée par les autorités. Régulièrement, les plus jeunes servent de petites mains aux têtes de réseau, selon un policier. « Que ce soit le narcotrafic, les réseaux divers, de cambriolages par exemple, se servent souvent de ces jeunes parce qu’ils savent qu’ils seront impunis et que forcément, c’est de la main d’œuvre à bon marché pour eux »
, assure Grégory Hemous, secrétaire départemental adjoint du syndicat Alliance Haute-Garonne. En France, quel que soit le délit, un mineur de moins de 13 ans ne peut pas être placé en garde à vue.