Le syndicat Solidaires finances publiques alerte sur les « conditions extrêmement dégradées » dans lesquelles la campagne des impôts sur le revenu s’est ouverte.
Il pointe notamment du doigt des suppressions de postes.
Au total, 5 agents de l’administration fiscale se sont suicidés depuis janvier, selon un document interne de la DGFiP.
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Derrière le coup d’envoi de la campagne d’impôt sur le revenu se trouve une administration en grande difficulté. Au cours d’une conférence de presse organisée ce vendredi 11 avril, le syndicat Solidaires finances publiques a déploré les « conditions extrêmement dégradées » dans lesquelles cette période s’amorce pour les agents. Un mal-être qui se retrouve dans des chiffres dramatiques, révélés par l’AFP. Depuis le début de l’année, cinq agents se sont donnés la mort.
Une baisse des effectifs et des « pressions »
« Quand vous supprimez 30% de nos effectifs depuis 2008, quand vous supprimez 25% des effectifs (nouvelle fenêtre) dans les services des impôts des particuliers, et un certain nombre de trésoreries, de centres de finances publiques, ça crée des difficultés pour les contribuables et les agents », a argué Sandra Demarcq, secrétaire générale du premier syndicat du secteur. Solidaires dénonce notamment la « suppression du réseau de proximité », qui a pour conséquence des conditions d’accueil « extrêmement dégradées ». Mais aussi les « pressions » ressenties par les agents de la direction générale des finances publiques (DGFiP), avec des directives pour traiter les dossiers des contribuables le plus rapidement possible.
« Les agents voudraient donner une réponse complète et fiable. Mais quand on est pressé de raccrocher pour pouvoir prendre l’appel suivant parce que statistiquement il faut être en dessous d’une minute, trois minutes, peu importe le critère : on abrège », a abondé de son côté Ludovic Ploton, l’un des secrétaires nationaux du syndicat. Des consignes qui rendent d’autant plus difficile le cœur de leur métier, à savoir la lutte contre la fraude. D’autant que l’an dernier déjà (nouvelle fenêtre), la stratégie du « tout numérique » était déjà pointée du doigt par les syndicats comme la raison de la saturation des lignes téléphoniques.
Mais au-delà du manque à gagner pour les caisses de l’État, que Solidaires évalue entre 80 à 100 milliards d’euros par an, cette pression provoque un réel mal-être chez les agents. En atteste un document interne de la DGFiP consulté par l’AFP. Ainsi, cinq agents seraient décédés par suicide depuis janvier, dont l’un sur le lieu de travail, et deux tentatives ont été recensées. « C’est un niveau élevé sur une période aussi courte », peut-on lire dans ce document signé par la directrice générale des finances publiques, Amélie Verdier, et diffusé en interne à l’administration fiscale.
Selon ce courrier, un agent a mis fin à ses jours pour des motifs qui restent inconnus dans les locaux de son service le 10 janvier. D’après les précisions du média spécialisé AEF Info, les faits se seraient produits au sein des locaux de la Seine-Saint-Denis. Une enquête des organisations syndicales est en cours, et une cellule psychologique avait été mise en place, peut-on lire. Quant aux quatre autres agents qui ont mis fin à leurs jours, ils sont décédés à leur domicile, l’un pour des motifs « personnels », et les trois autres pour des motifs qui demeurent « inconnus », précise le document. Le document rapporte également « une tentative de suicide » dans les locaux de l’administration qui a suscité une « émotion particulièrement vive ».