- Le feu de forêt dans l’Aude, désormais fixé, a parcouru plus de 17.000 hectares en deux jours.
- Il est déjà considéré comme le pire incendie depuis au moins 50 ans dans le pourtour méditerranéen.
- Comment calcule-t-on vraiment les distances parcourues par les flammes ? TF1info s’est posé la question.
Suivez la couverture complète
Notre planète
Un incendie à la progression impressionnante et suivi en temps réel. Alors que le feu de forêt qui a ravagé l’Aude a été fixé, vendredi 8 août, les flammes ont parcouru plus de 17.000 hectares et brûlé 13.000 hectares de végétation. Il est déjà considéré comme le pire incendie depuis au moins 50 ans sur le pourtour méditerranéen. Mais d’où viennent les chiffres publiés quasiment en temps réel ? On fait le point.
Copernicus et ses satellites
Au-delà des pompiers sur le terrain, qui peuvent s’appuyer sur les avions, Canadair, Dash et drones pour estimer des surfaces brûlées, la progression d’un feu de forêt est calculé automatiquement en temps réel par le système européen d’observation des feux de forêts (Effis (nouvelle fenêtre)). Il s’agit d’un service du programme européen d’observation de la Terre, Copernicus, (nouvelle fenêtre) qui enregistre les surfaces brûlées en Europe à l’aide de satellites. Ils travaillent à travers plusieurs sources : les capteurs Modis, en service depuis 2006, qui bénéficient d’une résolution spatiale de 250 mètres, les capteurs Sentinel-2, en fonction depuis 2018, qui fournissent une résolution bien plus précise à 20 mètres et deux satellites de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) américaine avec les satellites NOAA-20 et NOAA-21.
Le traitement des images se fait à partir de la détection des « points chauds », soit un changement brutal de la température au sol. Ensuite, les différentes données sont analysées manuellement pour suivre l’évolution de l’incendie. Pour déterminer les types d’espaces brûlés, les analyses de Copernicus s’appuient sur l’inventaire européen de l’occupation des sols, CORINE Land Cover (CLC), lancé en 1985 dans le cadre du Copernicus (nouvelle fenêtre), et qui permet de déterminer la nature des espaces brûlés (forêt, végétation, terres agricoles ou espaces artificialisés).
Une méthode qui permet de comparer la taille des différents incendies, que ce soit au niveau européen ou national selon les années. Mais cette base de données ne différencie pas les incendies « accidentels », qu’ils soient d’origine naturelle ou d’origine humaine, des « brûlages contrôlés » réalisés en agriculture comme les écobuages pour défricher les pâtures d’estives, particulièrement fréquents dans les départements du Sud-Ouest comme les Pyrénées-Atlantiques.
L’Effis ne comptabilise pas non plus les feux plus petits que la résolution maximale de l’imagerie satellitaire (de moins de 30 hectares avant 2018, de l’ordre de l’hectare depuis), ni les îlots de surfaces intactes au milieu d’un incendie.
Une base nationale
Cette méthode Effis est complétée, au niveau français, par la Base de donnée sur les incendies en forêts en France (BDIFF) (nouvelle fenêtre) qui répertorie tous les incendies survenus sur le territoire national. Crée en 1973, la base n’a, dans un premier temps, comptabilisé que les feux des 15 départements du pourtour méditerranéen. Depuis 2006, elle comptabilise tous les incendies à l’échelle nationale. Publique, elle est alimentée par les acteurs de la lutte et de la prévention contre les incendies.
Pour chaque départ de feu, une entrée est créée dans la base puis complétée de manière collaborative par les sapeurs-pompiers qui indiquent la date, la localisation exacte du départ de feu, la surface brûlée et le type de végétation concerné et par les gendarmes et policiers pour la cause des flammes. Cependant, seul un incendie qui « démarre en forêt ou qui se propage en forêt ou au sein de terres boisées au cours de son évolution »
figure dans la base, précise le site de la BDIFF.
Contrairement à l’Effis, la liste de cet outil ne prend en compte que les incendies d’origine naturelle, accidentelle, causés par malveillance ou de manière involontaire (par exemple par des travaux ou un particulier). Elle exclut d’éventuels feux allumés volontairement, par exemple « pour limiter la végétation (écobuage, brûlage dirigé) »,
ajoute l’observatoire des forêts françaises.
Grâce à tous ces calculs, il est ainsi possible de déterminer où se situe l’incendie de l’Aude par rapport à d’autres événements similaire sur ces dernières années. Selon la BDIFF, aucun feu n’a jamais dépassé les 12.552 hectares parcourus par un des incendies qui ont ravagé la Gironde en 2022 et brûlé plus de 30.000 hectares de forêt. Le deuxième plus gros incendie comptabilisé par la BDIFF a parcouru 11.580 hectares en 1990 dans le Var.
