- Parmi les 17.000 hectares brûlés dans l’incendie dans l’Aude, se trouvent des vignes, mais aussi des terrains en friche sur lesquels des vignes ont été arrachées.
- Depuis trois ans, les viticulteurs du département sont confrontés à la sécheresse et contraints parfois d’arracher.
- Le secrétaire général du Syndicat des vignerons de l’Aude, Franck Saillan, demande un plan d’urgence au gouvernement.
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Incendies en France : l’été 2025 de tous les dangers
Dans l’Aude, les pompiers espèrent fixer le feu ce jeudi 7 août, après trois jours de combat intense contre les flammes. L’incendie a parcouru quelque 17.000 hectares de terres. Parmi les parcelles brûlées du massif des Corbières, des zones de garrigue, mais aussi des vignes et des terrains en friche.
Sur ceux-ci se trouvaient des pieds de vigne qui ont été arrachés en raison de la sécheresse persistante et d’un marché du vin en berne. Un dispositif mis en place par le gouvernement, qui propose aux viticulteurs d’arracher une partie de leurs vignes en échange d’une prime. Au total, 5.000 hectares de vignes ont été arrachés cette année dans l’Aude. Mais ce faisant, ce sont des coupe-feux naturels qui ont été supprimés.
Pour TF1info, Franck Saillan, le secrétaire général du Syndicat des vignerons, décrit « l’urgence
» dans laquelle se trouvent les viticulteurs du département, et appelle le gouvernement à mettre en place rapidement des mesures pour sauvegarder la culture de la vigne dans cette zone.
Quand vous arrachez une vigne, vous arrachez le meilleur coupe-feu qui existe en zone méditerranéenne
Quand vous arrachez une vigne, vous arrachez le meilleur coupe-feu qui existe en zone méditerranéenne
Franck Saillan, secrétaire général du Syndicat des vignerons dans l’Aude
Vous avez rencontré le Premier ministre François Bayrou mercredi lors de son déplacement dans l’Aude, quelle a été la teneur de votre échange ?
L’échange a été plutôt bref, mais j’espère qu’il a entendu nos doléances. Nous attendons la venue de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard pour que tout le monde se mette au travail. Nous avons des problèmes, il faut des solutions.
Quel est l’enjeu pour vous ?
Il en va de la survie de la viticulture dans le département de l’Aude. La catastrophe nous a montré l’importance de la vigne. Quand vous arrachez une vigne, vous arrachez le meilleur coupe-feu qui existe en zone méditerranéenne. Et un terrain en friche, c’est le meilleur carburant pour les incendies. Au printemps, l’herbe a poussé sur ces terrains, puis il y a eu un temps sec. Vous mettez une allumette et ça démarre. On a aussi arraché des vignes en bordure des habitations, mais quand il y a un incendie, les maisons ne sont plus protégées. Il faut maintenir les vignes autour des villages. C’est important pour notre sécurité, nos paysages et bien sûr, notre activité de viticulteur.
« Il faut emmener de l’eau dans ces territoires »
Quelle est la principale difficulté que vous rencontrez ?
L’accès à l’eau ! C’est un gros problème. Sans irrigation, il est difficile d’avoir des exploitations rentables. Il est difficile de produire. Nous avons donc besoin de solutions d’urgence à court terme : il faut emmener de l’eau dans ces territoires. Nous demandons aussi des aides compensatoires. Bref, il faut un grand plan de sauvegarde de la viticulture pour le département. Car si rien n’est fait, nous allons devoir continuer à arracher. C’est un crève-cœur pour tout le monde mais quand on perd de l’argent, on n’a pas le choix.
Quelles sont les solutions pour irriguer les parcelles de vigne ?
Dans le débat sur la loi Duplomb (
la loi visant à lever les contraintes exercées sur le métier d’agriculteur
, qui a été votée à l’Assemblée et au Sénat mais fait l’objet d’une pétition signée par plus de deux millions de personnes et
doit être examinée par le Conseil constitutionnel
ce jeudi, ndlr)
, les gens se sont focalisés sur la réintroduction des néonicotinoïdes. Mais dans cette loi, il y avait des choses importantes pour nous, comme la question de l’eau.
Vous parlez des retenues d’eau ?
Oui, il ne s’agit bien sûr pas de faire des méga-bassines. Mais de mettre en place des retenues d’eau et de faire quelques forages. Dans notre territoire, après les vendanges, il peut tomber entre 200 et 300 millimètres de pluie en une seule fois. Nous souhaitons pouvoir capter cette eau. Mais pour cela, il faut lever les verrous et supprimer les contraintes administratives.
Vous évoquez aussi les conséquences pour le tourisme…
Oui, car si vous supprimez des vignes et que vous n’avez que des friches, ça va être moins joli pour les touristes qui viennent aussi faire la route des vins, visiter les domaines. Or, le tourisme est la deuxième activité économique du territoire. C’est donc aussi une raison de maintenir la vigne. Mais il nous faut des solutions rapides à mettre en œuvre dans l’année qui vient sinon je ne donne pas cher de l’avenir de la viticulture dans le département. Des promesses, c’est bien. Des actes, c’est mieux. Nous n’avons pas le temps d’attendre.