L’industrie automobile, le BTP, la métallurgie ou encore l’industrie chimique font face à une crise sérieuse en France.
Les plans de licenciement s’accumulent, comme chez Michelin et Auchan.
La concurrence étrangère et le coût du travail en France expliquent cette fragilité actuelle.
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LE WE 20H
Le 5 novembre dernier, les 1254 salariés des usines Michelin de Cholet et Vannes (Morbihan) ont appris la fermeture avant 2026 des deux sites du géant français du pneu. En cause ? La concurrence asiatique sur les pneus de camionnettes et poids lourds et la « dégradation de la compétitivité de l’Europe », a fait savoir la direction du groupe français dans un communiqué.
Le même jour, c’est le distributeur nordiste Auchan qui a présenté à ses représentants du personnel un projet de plan social menaçant un total de 2389 emplois en France , pour tenter de se relancer après plusieurs années difficiles. Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a admis ce samedi s’attendre à de nouvelles annonces de fermetures de sites industriels en France « dans les semaines et les mois qui viennent », qui affecteront des « milliers d’emplois ».
Des fournisseurs étrangers moins chers
Concurrence étrangère, fin des aides de l’État mises en place depuis le Covid… L’industrie automobile s’enfonce dans la crise. Il y a encore quelques mois, Thibaud Levert, président de Levert Industrie, produisait presque exclusivement des pièces pour ce secteur. « La partie automobile représentait jusqu’à 80% de notre chiffre d’affaires, pour aujourd’hui ne représenter que 5 à 10% », déplore-t-il au micro du 20H de TF1.
Les grands groupes préfèrent désormais se tourner vers des fournisseurs moins chers. « En France, on n’est pas un pays low-cost, donc quand on est mis en concurrence avec des gens de pays internationaux, on ne peut pas forcément se battre », estime Thibaud Levert.
Des usines de production peu modernes
Le BTP, l’industrie chimique et la métallurgie aussi font grise mine. Selon la CGT, il y aurait actuellement plus de 180 plans de licenciement. Et peut-être un de plus la semaine prochaine. Laurent Béhue, salarié et délégué syndical à Batimétal, s’inquiète d’une possible fermeture de l’entreprise de Douvres-la-Délivrande (Calvados) dans laquelle il travaille depuis 26 ans et qui emploie 123 personnes.
Selon lui, son employeur n’a pas su moderniser l’usine de production et a perdu en compétitivité. « Nos machines sont vieillottes, il y a très peu d’investissements, voire quasiment pas. Les bâtiments sont vétustes », souligne Laurent Béhue.
Autre raison de ces faillites à répétition : le coût du travail en France, plus élevé qu’en Chine ou même qu’aux États-Unis. La France a également plus de difficultés à vendre ses produits à un prix juste. « On n’était pas assez ‘pas chers’ par rapport à la Chine, mais trop chers par rapport à la qualité qu’on présentait », explique Nathalie Janson, professeure d’économie à la Neoma Business School. Avant d’ajouter : « Nos spécialisations ont été surtout sur le marché du luxe. On n’a pas réussi ailleurs dans le reste de l’industrie. » Ces derniers mois, les exportations françaises ont baissé de 3%.