C’est un démantèlement d’ampleur : le ministère de la justice américain (DOJ) a annoncé, mercredi 4 septembre, avoir sanctionné dix personnes et saisi 32 sites Web, dans le cadre d’une enquête portant sur plusieurs opérations de désinformation russe visant l’élection présidentielle américaine. Les enquêteurs du pays estiment que le principal volet de cette campagne était directement financé et contrôlé par des hauts cadres de RT, la chaîne d’Etat russe, interdite de diffusion en Europe depuis le début de la guerre en Ukraine.
Au cœur de cette opération de désinformation visant à diviser la population se trouvait une entreprise peu connue : Tenet Media, dont le siège est situé dans l’Etat du Tennessee et qui se présente comme « l’endroit où s’expriment les voix des sans-peur ». Cette société de production publie un grand nombre de vidéos sur les réseaux sociaux, avec un succès modéré – elle compte un peu plus de 300 000 abonnés sur YouTube, mais seulement 4 000 sur TikTok.
En revanche, l’entreprise est parvenue à attirer quelques grands noms de l’extrême droite américaine, comme son influenceur vedette Tim Pool, qui anime un podcast régulier pour Tenet Media baptisé « The Culture War » (« la guerre culturelle »). Tim Pool a commencé sa carrière au début des années 2010 en participant au mouvement progressiste Occupy Wall Street, ce qui lui vaut d’être embauché par le média en ligne Vice, pour lequel il réalise des reportages, avant de démissionner. En parallèle, il bascule politiquement, multipliant ces dix dernières années les collaborations avec des influenceurs de la droite dure. Selon les documents rendus publics par le DOJ américain, son contrat prévoyait une rémunération d’environ 400 000 euros par mois.
Influenceurs d’extrême droite
Tenet Media avait également signé des accords avec d’autres producteurs de contenus, comme la militante canadienne d’ultradroite Lauren Southern, le youtubeur conservateur Matt Christiansen, ou encore Benny Johnson, ancien contributeur du média d’extrême droite Breitbart. Les influenceurs concernés contestent toutefois avoir sciemment participé à une campagne d’influence russe : les documents du DOJ précisent d’ailleurs que les deux propriétaires de l’entreprise n’avaient pas renseigné la provenance des fonds utilisés pour rémunérer leurs producteurs de vidéos. « Si ces allégations sont vraies, moi-même et les autres personnalités et commentateurs avons été victimes de tromperie, a commenté Tim Pool dans la nuit de mercredi à jeudi. Le podcast “Culture War” existait bien avant tout accord de diffusion avec Tenet et continuera après. »
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