Pierre Raviol avait trouvé le Rhône anormalement haut, ce 3 décembre 2003. Aidé de son frère et d’une pelle mécanique, le conseiller municipal d’Arles (Bouches-du-Rhône) s’était empressé d’installer des sacs de gravier, au plus près du fleuve. A Tarascon, un peu plus au nord, on tentait l’impossible avec de la terre, quand un élu a fini par appeler : « On part en courant, ça vient de lâcher, les deux passages ont cédé. » Dans la nuit, l’électricité était coupée, puis Arles était noyée sous 1,60 mètre d’eau. Cette inondation, la troisième la plus grave qu’a connue la Camargue après celles de 1840 et 1856, a traumatisé la région. Avec 12 000 sinistrés, de l’eau pendant trois mois et un milliard d’euros de dommages, les dégâts furent considérables.
En 2005, le gouvernement s’accorde avec les élus sur un vaste plan Rhône à 450 millions d’euros étalés sur des années pour réparer les digues du fleuve, les gérer de manière coordonnée dans le delta et les adapter à des phénomènes plus intenses, appelés à se multiplier. Mais après avoir réalisé la première phase de travaux autour d’Arles, l’Etat remet en cause en 2024 la deuxième partie du plan, celle qui doit encore protéger 30 000 personnes le long du Petit-Rhône, le bras ouest du fleuve. Les élus de Camargue ne décolèrent pas. Près de 90 maires, députés, sénateurs, conseillers départementaux et régionaux – du Gard et des Bouches-du-Rhône – ont signé, fin novembre, un « appel du grand delta » demandant au gouvernement d’« honorer ses engagements ».
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