- La bibliothèque Joanina de Coimbra (Portugal) renferme des centaines de milliers de volumes rares et anciens.
- Elle est considérée par les spécialistes comme l’une des plus belles bibliothèques d’Europe.
- Ce bâtiment abrite également des chauves-souris pour protéger les livres des insectes.
Certains spécialistes la considèrent comme « la plus belle bibliothèque d’Europe », d’autres comme la « plus fantastique du monde ». La bibliothèque baroque de l’Université de Coimbra, édifiée en 1717, s’étend dans un bâtiment cossu de trois étages aux murs extérieurs de 2,11 mètres d’épaisseur. À l’intérieur, une structure en bois absorbe l’excès d’humidité et garde les pièces dans une température comprise entre 18 et 20 degrés. Les plafonds, richement décorés, montrent des scènes des arts et des sciences, couronné au centre par la figure de la Sagesse Divine. Des balustrades et des étagères faites de feuilles d’or illuminent les pièces.
Les dizaines, voire centaines de milliers d’œuvres qui composent la bibliothèque édifiée par le roi Don João V se trouvent dans un espace opulent de beauté et d’exotisme. Des exemplaires d’une extrême rareté se cachent dans les rayonnages à l’instar de la première édition des « Lusíadas » (Les Lusiades, contes et légendes du Portugal), une très rare Bible Hébraïque publiée dans la seconde moitié du XVe siècle, ou encore la Bible Latine des 48 lignes imprimée en 1462 (aux 48 lignes par page).
Problème : des coléoptères, vrillettes, vers de bibliothèques et autres poissons d’argent s’infiltrent dans les livres. Ils abîment ces feuillets souvent très fragiles et en dévorent parfois quelques morceaux. Impossible de combattre ces insectes nuisibles sans faire de dégât dans le bâtiment ou aux livres précieux.
Des chauves-souris à la rescousse
Une curieuse patrouille veille au grain : des dizaines de chauves-souris font irruption à la nuit tombée. Objectif : se gaver de ces insectes xylophages. Cachées derrière les étagères pendant la journée, elles n’incommodent pas les visiteurs qui ignorent leur présence.
Le personnel en fait de précieux alliés. Chaque soir, les responsables du lieu déploient des housses en cuir sur les tables de lecture. Ils les retirent au matin après nettoyage des traces de guano (les excréments de chauve-souris). Les spécialistes ne datent pas exactement la venue de ces petits mammifères volants. Les bibliothécaires estiment qu’elles ont découvert un tel festin sans trop se dépenser depuis le XIXe siècle.
À noter que la bibliothèque d’un autre palais emblématique, à Mafra (nord-ouest de Lisbonne), dispose également de ses chauves-souris. Elles veillent sur les quelque quarante mille volumes entreposés sur ses étagères de style rococo et son sol en marbre. La Chronique de Nuremberg de 1493 peut se tenir tranquille. Pour en faire leur maison définitive, la direction du palais a installé un petit boîtier en verre avec les restes de trois chauves-souris ayant vécu dans les lieux.