C’est une journée comme l’Amérique n’en avait jamais connu, où soudain l’impensable se produit sous les yeux de la planète entière. Le 6 janvier 2021, plusieurs milliers de partisans de Donald Trump, chauffés à blanc depuis deux mois par les mensonges éhontés de leur candidat, prennent d’assaut le Capitole, à Washington, pour empêcher le vote des grands électeurs, qui doit parachever la victoire du démocrate Joe Biden, le 3 novembre 2020, contre leur favori.
La scène est si folle que la frontière entre réalité et fiction s’estompe. Et soudain, sur Twitter (qui ne s’appelait pas encore X), une rumeur se répand à la vitesse de l’éclair. Ce type à la barbe rousse que l’on voit sur deux selfies, « je crois bien que c’est Chuck Norris », assure une certaine @Snarky__AF, parmi tant d’autres. Parmi les militants affublés de casquettes, bonnets et écharpes de la boutique officielle de soutien au quarante-cinquième président des Etats-Unis, l’homme arbore, outre une barbe rousse, des cheveux pouvant tout aussi bien être un toupet (une moumoute, pour le dire vulgairement) et un bolo tie, soit cette cravate texane constituée d’un simple lacet sous une broche, accessoire fétiche de l’interprète de la série Walker Texas Ranger.
Une superstar parmi les émeutiers… Inimaginable ? Pas tant que cela, car Chuck Norris n’est pas n’importe qui. Champion de karaté, roi du « coup de pied dans la gueule », l’acteur a fait les riches heures des séries B américaines dans les années 1980 et s’est forgé une célébrité mondiale avec des saillies comme : « Je vais te coller tant de droites que tu vas me réclamer une gauche. » De la déploration de la perte des valeurs morales à sa détestation de « Hillary » (Clinton), l’acteur publie régulièrement sur son blog des notes tout à fait compatibles avec les convictions de la base MAGA (Make America Great Again). Baptiste chrétien, soutien indéfectible de Ronald Reagan puis des Bush père et fils, il partage avec Donald Trump des convictions bien trempées.
Champion de karaté
Las, il ne s’agissait que d’un sosie sur les selfies. Alerté, l’agent de l’acteur publie un démenti, où il croit bon de préciser que son client est beaucoup plus beau que le militant trumpiste avec lequel on l’a confondu. A son tour, toujours sur X (Twitter), la star nie sa présence parmi les émeutiers et désavoue la tentative de coup de force. Pour Norris, aka Cordell Walker, le justicier qui a fait des années durant les riches heures de TF1, « il n’y a pas de place pour la violence, quelle qu’elle soit, dans notre société ». C’est beau comme l’antique. Seul hic : la filmographie entière de l’acteur est un paroxysme de violence, censée régler à elle seule tous les problèmes de l’Amérique.
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