Isabelle Safa est agrégée de lettres modernes et docteure en littérature française, elle est professeure en classes préparatoires littéraires. Spécialiste du romantisme et de l’écriture de l’histoire au XIXe siècle, elle est l’autrice d’une thèse sur le roman historique d’Alexandre Dumas et d’un essai biographique, Alexandre Dumas (PUF, 2023).
Alexandre Dumas a eu très tôt une vive conscience de l’histoire, dont son père, écrivez-vous, a été la première et la plus marquante incarnation. Sa trajectoire personnelle épouse les événements de son siècle. Quelles en sont les grandes constantes ?
Dumas a hérité de cette conscience par son père, un héros de la Révolution française et le premier général de couleur, d’ailleurs cruellement traité par Napoléon. Le général Dumas s’était illustré par ses faits d’armes mais aussi par son humanité pendant la Terreur. Il n’est pas étonnant que son fils se représente l’histoire comme une épopée. Il en a une vision très dramatisée, faite de crises, d’affrontements. Chez lui, l’histoire a vite suscité le désir d’y participer. On a beaucoup dit que la génération de 1830, celle des romantiques, avait été très frustrée d’arriver après les guerres de la Révolution et de l’Empire. Il y a du vrai. Avec, chez Dumas, la conviction très romantique que l’homme de lettres a une mission politique, et le désir d’être aux premières loges de l’histoire.
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