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Israël a poussé un soupir de soulagement, samedi 8 juin. La libération de quatre otages, Noa Argamani, Almog Meir Jan, Andrey Kozlov et Shlomi Ziv, qui étaient aux mains du Hamas à Gaza, a fait l’effet d’un baume dans un pays engagé depuis huit mois dans une guerre sans résultat probant, et qui finit par perdre espoir de ramener les 120 autres captifs, à la faveur d’un accord négocié avec le mouvement palestinien. Ce bref sentiment de solidarité a balayé dans le pays le coût humain considérable du raid.
Le ministère de la santé local, administré par le Hamas, a avancé les chiffres de 274 morts et près de 700 blessés palestiniens, ce jour-là dans la partie centrale de l’enclave, ce qui classerait l’opération parmi les plus meurtrières de la guerre. L’armée israélienne, quant à elle, n’avance aucun chiffre, mais elle nie la crédibilité de cette source.
Des témoignages et des vidéos recueillis par Le Monde attestent de la violence d’une opération menée en plein jour, près du marché d’un camp de déplacés bondé. Hélicoptères Apache, quadricoptères, bombardements et tirs d’artillerie… En fin de matinée, samedi, le ciel s’est déchaîné au-dessus de ce camp où Mahmoud Allouh était réfugié avec sa famille, à Nousseirat.
« Nous avons été surpris, les chars se sont mis à progresser vers nous », raconte le Palestinien de 33 ans, dans une interview réalisée sur place pour Le Monde par un journaliste gazaoui, qui préfère taire son nom pour des raisons de sécurité – l’armée interdit l’accès à Gaza à toute la presse étrangère. « Les chars sont arrivés vers midi et ça s’est terminé une heure et demie plus tard, on ne pouvait pas sortir, on s’est retrouvés assiégés. » Une voix leur a crié dans un mauvais arabe : « Personne ne sort, personne ne bouge ! » Deux hommes âgés ont été tués et dix autres ont été blessés dans le centre de déplacés, affirme Mahmoud Allouh.
L’armée israélienne semble avoir bombardé plusieurs zones simultanément, dont le marché. Imane Shahine, 35 ans, y était quand elle s’est retrouvée coincée au milieu de « tirs nourris dans toutes les directions. Les gens ont commencé à appeler à l’aide, raconte-t-elle, jointe de la même manière. J’ai essayé de m’abriter dans les maisons pour éviter les frappes des avions de chasse et des hélicoptères ».
« C’était le chaos total »
L’armée a précisé avoir préparé ce raid durant de longues semaines, avant de lancer des parachutistes de la 98e division et des forces spéciales dans des véhicules anonymes, et de prendre d’assaut, à 11 heures, les deux bâtiments où les otages étaient retenus. Des échanges de coups de feu ont eu lieu dans l’un d’eux. L’Etat hébreu a affirmé que trois des otages étaient détenus chez un « journaliste » Abdallah Al-Jamal, tué avec son épouse et son père. L’armée a tenu à souligner, dimanche, que cet homme avait publié en 2019 une tribune (unique) sur le site d’Al-Jazira, antenne qatarie interdite en Israël.
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