Israël a affirmé, vendredi 11 octobre, avoir tiré en direction d’une « menace » près d’une position de la Force intérimaire des Nations unies (Finul) dans le sud du Liban, où deux casques bleus ont été blessés, un incident qui a suscité des critiques internationales.
Menant depuis fin septembre une vaste offensive aérienne et terrestre contre le Hezbollah, allié du Hamas palestinien, l’armée israélienne a assuré avoir tiré en direction d’une « menace » proche de la position de la Finul et a accusé le mouvement pro-iranien de mettre en danger « délibérément » les soldats de la Finul, dont quatre ont été blessés en deux jours.
La Finul a rapporté que son quartier général, à Ras Al-Naqoura, avait subi vendredi « des explosions pour la deuxième fois en quarante-huit heures » et « deux casques bleus sri-lankais ont été blessés », après deux soldats indonésiens jeudi.
En outre, des « chars israéliens se sont avancés » et « un bulldozer de l’armée israélienne a fait tomber des pans de mur de protection » d’une position onusienne dans le village de Labbouné, a ajouté la Finul, dénonçant le « très grand risque » que fait peser l’armée israélienne sur les casques bleus.
Vives condamnations internationales
L’armée israélienne a « exprimé sa vive préoccupation à propos d’incidents de ce genre » et a dit « mener un examen approfondi (…) pour établir les détails de ce qui s’est passé ».
Le président français Emmanuel Macron a jugé « tout à fait inacceptable » que les casques bleus de l’ONU soient « visés délibérément par les forces armées israéliennes ». Lors d’un sommet à Chypre des dirigeants des pays méditerranéens de l’Union européenne, il a prévenu que la France « ne tolérera pas » de nouveaux tirs. Il a en outre estimé que « cesser les exportations d’armes » utilisées à Gaza et au Liban était « l’unique levier » pour mettre fin aux conflits qui y font rage.
Le premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, et son homologue italienne, Giorgia Meloni, ont également jugé que ces tirs n’étaient « pas acceptables ». Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a, lui, qualifié les tirs israéliens de « violation du droit humanitaire international ». Joe Biden a joint sa voix vendredi aux critiques. A la question « Demandez-vous à Israël d’arrêter de frapper les forces de maintien de la paix de l’ONU ? », le président américain a répondu : « Absolument. » Les dix pays membres non permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ont exprimé leur « profonde inquiétude » après ces attaques et « souligné que toute attaque délibérée contre les forces de maintien de la paix sont une grave violation du droit humanitaire international ».
2 100 personnes tuées en un an de guerre au Liban
Alors qu’Israël célèbre Kippour, importante fête juive, depuis vendredi soir, les sirènes d’alerte antiaérienne ont retenti en fin d’après-midi dans le nord-ouest du pays, l’armée israélienne faisant état « d’environ 80 projectiles » tirés à partir du Liban, puis en soirée au nord de Tel-Aviv après l’« intrusion » de deux drones, l’un d’eux ayant été « intercepté ».
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Le Hezbollah a appelé vendredi les Israéliens à s’éloigner des sites militaires dans des zones résidentielles du nord du pays. « L’armée de l’ennemi israélien se sert des maisons (…) comme centres de rassemblement pour ses officiers et soldats » dans plusieurs régions du nord d’Israël et « dispose de bases militaires » dans les principales villes du nord comme « Haïfa, Tibériade, Acre » notamment, a déclaré le groupe pro-iranien.
Depuis octobre 2023, lorsque le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en appui au Hamas, plus de 2 100 personnes ont été tuées au Liban, dont plus de 1 200 depuis le 23 septembre, selon un décompte de l’Agence France-Presse basé sur des chiffres officiels. L’ONU a recensé près de 700 000 déplacés à l’intérieur du Liban, qu’ont fui environ 400 000 personnes, la plupart en Syrie.
A la frontière israélienne, l’armée libanaise a annoncé vendredi la mort de deux soldats, portant à quatre le nombre de militaires libanais tués depuis le début de l’intensification des bombardements israéliens sur le Liban. Et l’agence officielle libanaise ANI a rapporté plusieurs frappes israéliennes sur le sud et dans la région de Baalbek.
Le Hezbollah a affirmé avoir bombardé des troupes israéliennes le long de la frontière ainsi que sur le plateau syrien du Golan occupé par Israël, et avoir tiré des roquettes sur le nord d’Israël.
Au lendemain des frappes israéliennes les plus meurtrières sur Beyrouth depuis trois semaines de guerre entre l’armée israélienne et le Hezbollah, le premier ministre libanais Najib Mikati a appelé vendredi l’ONU à adopter une résolution pour un « cessez-le-feu total et immédiat ».
Ces frappes, qui ont fait 22 morts et 117 blessés, selon le ministère de la santé libanais, visaient « le chef de l’appareil sécuritaire du Hezbollah Wafic Safa », selon la presse israélienne et une source proche du groupe à l’AFP. C’est la troisième fois que l’armée israélienne vise directement la capitale, Israël concentrant ses frappes sur la banlieue sud, un bastion du Hezbollah.
Amos Hochstein, émissaire spécial du président américain Joe Biden, a déclaré vendredi que Washington travaillait « sans relâche » pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. « Nous voulons que tout le conflit prenne fin, a-t-il déclaré à la chaîne de télévision libanaise LBCI depuis Washington. Nous travaillons sans relâche sur ce sujet. » Il a lui aussi jugé « inacceptables » les tirs contre la Finul, ainsi que les frappes qui ont tué 22 personnes à Beyrouth. « Nous essayons de mettre fin à ces bombardements. Cette campagne de bombardements dans une ville densément peuplée comme Beyrouth ne nous plaît pas », a déclaré M. Hochstein.
Le nouveau Nobel de la paix compare Gaza au Japon après la guerre
Après un an de combats dans la bande de Gaza contre le Hamas, Israël a concentré l’essentiel de ses opérations sur le front libanais. Mais l’armée israélienne, qui a annoncé vendredi la mort d’un soldat dans le territoire palestinien, pilonne depuis dimanche le nord de la bande de Gaza et encercle la ville de Jabaliya, où elle accuse le Hamas de reconstituer ses forces.
La situation dans le territoire palestinien assiégé « est comme au Japon il y a quatre-vingts ans », dévasté par les bombes à la fin de la seconde guerre mondiale, a déclaré vendredi le coprésident de Nihon Hidankyo, l’organisation des survivants de Nagasaki et d’Hiroshima, lauréate du Nobel de la paix.
La guerre à Gaza a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1 206 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza. Au moins 42 126 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, dans l’offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la santé du gouvernement du Hamas, invérifiables de source indépendante mais jugées fiables par l’ONU. La quasi-totalité des 2,4 millions de Gazaouis ont été déplacés.