L’Iran a tiré, dans la nuit de dimanche 15 à lundi 16 juin, de nouveaux missiles sur plusieurs grandes villes d’Israël, faisant au moins quatre morts, selon les secours. Le bombardement faisait suite à des bombardements israéliens qui ont ciblé le territoire iranien pour la quatrième nuit d’affilée. Affirmant que l’Iran s’approchait du « point de non-retour » vers la bombe atomique, Israël a lancé vendredi une campagne aérienne massive contre la République islamique en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires.
Les sirènes d’alerte antiaérienne ont retenti à Jérusalem, où une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) a entendu « de fortes explosions qui ont fait trembler l’immeuble » dans lequel elle se trouvait. La défense antiaérienne a été activée, mais plusieurs projectiles n’ont pas été interceptés. Un autre journaliste de l’AFP a vu une épaisse fumée s’élever vers le ciel après qu’un missile s’est abattu à Haïfa, dans le nord d’Israël.
A Tel-Aviv, des images de l’AFP ont montré un ensemble d’immeubles d’habitation éventrés et des pompiers qui y recherchaient d’éventuels survivants dans les décombres, et des voitures incendiées. Un autre missile a touché un immeuble à Petah Tikva, un peu plus à l’est, selon un photographe de l’AFP.
La police israélienne a précisé qu’un missile s’était abattu sur la région côtière, sans autre précision, provoquant « des dégâts matériels et sur les infrastructures ». Le Magen David Adom, l’équivalent israélien de la Croix-Rouge, a fait état de quatre morts et 87 blessés à quatre endroits du centre du pays. Cette salve a répondu à des frappes israéliennes qui ont visé l’Iran pour la quatrième nuit de suite.
Les missiles iraniens avaient déjà frappé la région de Tel-Aviv dans la nuit de samedi à dimanche, provoquant des destructions à Bat Yam, au sud de la ville côtière, et à Tamra, une ville arabe dans le nord du pays. « L’Iran paiera un prix très lourd pour le meurtre prémédité de civils, femmes et enfants », a déclaré le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, en visite à Bat Yam.
Depuis vendredi, les frappes ont fait au moins 224 morts en Iran et plus d’un millier de blessés, a annoncé dimanche le ministère de la santé iranien. Côté israélien, le bilan des ripostes iraniennes depuis vendredi est d’au moins 17 morts et plus de 450 blessés, selon la police et les secours.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme a également affirmé que la chute d’un drone, probablement iranien, avait causé la mort d’une femme dans l’ouest de la Syrie. Depuis vendredi, des correspondants de l’AFP et des témoins ont observé des dizaines de missiles volant dans le ciel syrien, certains étant interceptés et explosant dans différentes régions.
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Après des décennies de guerre par procuration et d’opérations ponctuelles, c’est la première fois que les deux pays ennemis s’affrontent militairement avec une telle intensité.
Multiples explosions en Israël et en Iran
Israël a dit viser, dans la nuit de dimanche à lundi, des « dizaines » de sites de missiles sol-sol et des installations militaires dans l’ouest du pays. Dimanche, une frappe a visé un immeuble d’habitation dans le centre de Téhéran, faisant au moins cinq morts, selon la télévision. Un journaliste de l’AFP sur les lieux a fait état de « deux explosions » à quelques minutes d’intervalle, à proximité du ministère des communications iranien. Un épais nuage noir de fumée s’est élevé dans le ciel tandis que des badauds, « figés par la stupeur, demeuraient sans voix », selon son témoignage. Le gouvernement iranien a annoncé que les mosquées, les stations de métro et les écoles allaient servir d’abris antiaériens dès dimanche soir.
Téhéran a également annoncé dimanche la mort du chef du renseignement des gardiens de la révolution, après la mort vendredi des deux plus haut gradés du pays et de neuf scientifiques du programme nucléaire. Des dizaines de sites ont été visés dans la capitale, notamment des sites liés au nucléaire et deux dépôts de carburant. La majorité des commerces sont restés fermés dimanche, et les routes pour quitter Téhéran étaient remplies de longues files de voitures.
L’armée israélienne a annoncé avoir aussi frappé l’aéroport de Machhad, deuxième ville d’Iran, située dans le nord-est du pays à environ 2 300 kilomètres d’Israël. La ville abrite le sanctuaire de l’imam Reza, le site le plus sacré d’Iran pour les musulmans chiites. Il s’agit, selon l’armée, de la frappe la plus lointaine en territoire iranien menée depuis vendredi.
M. Nétanyahou a, par ailleurs, déclaré sur la chaîne américaine Fox News qu’Israël avait « détruit la principale installation » du site d’enrichissement d’uranium de Natanz. Il a laissé entendre que les frappes sur l’Iran pourraient conduire à un changement à la tête du pays, dirigé par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. « Ce pourrait certainement être le résultat parce que le régime iranien est très faible », a-t-il dit.
La diplomatie, meilleure solution « à long terme » avec l’Iran
Téhéran est soupçonné par les Occidentaux et Israël de vouloir se doter de l’arme atomique. L’Iran, qui le nie et défend son droit à développer un programme nucléaire civil, a promis dimanche une « réponse dévastatrice » aux attaques israéliennes et affirmé qu’Israël ne serait bientôt « plus habitable ». Lundi matin, Téhéran a affirmé avoir frappé « avec succès » Israël dans la nuit. « Une nouvelle vague d’attaques des gardiens de la révolution (…) a permis à des missiles d’atteindre avec succès et efficacité les cibles » en Israël, a affirmé dans un communiqué l’armée idéologique du régime iranien.
Elle a salué une opération menée à bien « malgré le soutien total des Etats-Unis et des puissances occidentales et la possession des technologies de défense les plus modernes ». Les gardiens ont promis la poursuite d’« opérations efficaces, ciblées et plus dévastatrices contre les cibles vitales » pour Israël, rendant hommage à Mohammad Bagheri, Hossein Salami et Amir Ali Hajizadeh, les trois plus hauts responsables militaires iraniens tués depuis le début des frappes aériennes israéliennes sur l’Iran vendredi.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affirmé lundi avoir dit à M. Nétanyahou que la diplomatie était la meilleure solution « à long terme » avec l’Iran. Le président américain, Donald Trump, allié indéfectible d’Israël, a appelé dimanche les deux pays à « trouver un accord ». Il a ajouté qu’il est « possible » que les Etats-Unis s’impliquent dans le conflit mais qu’ils ne sont « à cet instant pas impliqués ».